L'art français de la guerre

by Alexis Jenni | Literature & Fiction |
ISBN: 207013458X Global Overview for this book
Registered by Victor-Schmara of Lille, Nord-Pas-de-Calais France on 8/21/2011
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Journal Entry 1 by Victor-Schmara from Lille, Nord-Pas-de-Calais France on Sunday, August 21, 2011
On en parlait à demi-mots depuis deux trois mois : c'est bon, très bon.
Alexis Jenni est prof de biologie à Lyon, c'est son premier roman, et c'est du sérieux. On devrait le retrouver pour les prix.
L'histoire : le narrateur végète après avoir quitté son travail et sa chérie. Il échoue à Lyon comme livreur de prospectus. Dans un bistro après sa tournée, tandis qu'il sirote son Mâcon blanc du midi, il repère un vieil homme attablé. Cet homme va changer sa vie. Il a fait toutes les guerres de 1942 à 1962, et dessine magnifiquement. Le narrateur écoute, apprend, transmet.
C'est inspiré, précis, aussi séduisant dans les scènes d'action -les combats- que de réflexion -avec notamment des parallèles inattendus et dérangeants entre les réflexes "coloniaux" et la façon dont on appréhende aujourd'hui nos banlieues.

Gallimard 2011, 630 p.

Journal Entry 2 by Victor-Schmara at Lille, Nord-Pas-de-Calais France on Wednesday, August 24, 2011
Où l'on constate avec bonheur que çà et là, en France, à intervalles réguliers, dans l'ombre et en silence, des petits bonshommes anonymes préparent et sortent des merveilles. Des sommes. Des épopées de 600 ou 1000 pages, riches, denses, pesées, avec une histoire, du recul, de l'intelligence et une voix.
Dans la série uppercut à la fin de l'été, on a eu Littell, voici le nouveau.

Captivant de bout en bout.
Il parle de ce dont on ne parle jamais, ou plus, ou mal. Le maquis de 42, l'Indochine, l'Algérie. La coloniale. Les parachutistes, l'infanterie légère aéroportée. Les troupes de choc. Les français, d'ici, de là-bas, eux, nous.
Il a le don de faire de son héros un type chic et élégant, et pour de vraies raisons, où d'autres ne voient qu'un chien de guerre, déshumanisé.
Par moments c'est Monsieur Hulot dans la jongle. Grand homme légèrement distant, prenant les choses de loin, avec l'air de ne pas y toucher, de ne pas être totalement dupe. Un cardinal dans une salle de danse, pas à sa place.
Par moment c'est Rambo et Gengis Khan réunis, éliminant les sentinelles et nettoyant les villages, comme à l'entraînement.
C'est surtout un homme sensible et droit. Il ne tue pas il fait la guerre, il ne rêve pas il peint, il ne juge pas il aime.
Attention à où vous êtes et ce que vous faites en terminant le livre : il laisse un peu seul, décontenancé, le coeur dans le vide, exsangue et ébloui. Mieux vaut avoir une chaise pas loin : le voyage aura été long, et chaud.



Une anecdote éclaire l'art dont il est question :

"[...] Il lut enfin un récit de Sun-tsu à propos de l'art de la guerre. Il montrait que l'on peut faire manoeuvrer n'importe qui en ordre de bataille. Il montrait que l'obéissance à l'ordre militaire est une propriété de l'humanité, et que de ne pas y obéir est une exception anthropologique ; ou une erreur.
- Donnez-moi n'importe quelle bande de paysans incultes, je les ferai manoeuvrer comme votre garde, disait Sun-tsu à l'empereur. En suivant les principes de l'art de la guerre, je peux faire manoeuvrer tout le monde, comme à la guerre.
- Même mes concubines ? demanda l'empereur, cette volière d'évaporées ?
- Même.
- Je n'en crois rien.
- Donnez-moi toute liberté et je les ferai manoeuvrer comme vos meilleurs soldats.
L'empereur amusé accepta, et Sun-tsu fit manoeuvrer les courtisanes. Elles obéirent par jeu, elles rirent, elles s'emmêlèrent dans leurs pas et rien de bon n'en sortit. L'empereur souriait.
- Avec elles je ne m'attendais pas à mieux, dit-il.
- Si l'ordre n'est pas compris, c'est qu'il n'a pas été bien donné, dit Sun-tsu. C'est la faute du général, il doit expliquer plus clairement.

Il expliqua à nouveau, plus clairement, les femmes recommencèrent la manoeuvre et rirent encore ; elles se dispersèrent en dissimulant leur visage derrière leurs manches de soie.
"Si ensuite l'ordre n'est toujours pas compris, c'est la faute du soldat" et il demanda que l'on fît décapiter la favorite, celle d'où partaient les rires. L'empereur protesta, mais son stratège insista respectueusement ; il lui avait accordé toute liberté. Et si Sa Majesté voulait voir réaliser son projet, il lui fallait laisser agir comme il l'entendait celui à qui il avait confié cette mission. L'empereur acquiesça avec un peu de regrets et la jeune femme fut décapitée. Une grande tristesse pesa sur la terrasse où l'on jouait à la guerre, mêmes les oiseaux se turent, les fleurs n'émirent plus de parfum, les papillons cessèrent de voler. Les jolies courtisanes manoeuvrèrent en silence comme les meilleurs soldats. Elles restaient ensemble, bien serrées, liées entre elles par la complicité des survivantes, par cette excitation que transmet l'odeur de la peur."

Journal Entry 3 by C-Maupin at Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Ile-de-France France on Wednesday, August 31, 2011
Bien reçu ! Merci Victor!

Journal Entry 4 by C-Maupin at Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Ile-de-France France on Thursday, September 22, 2011
Le style de ce roman est le plus souvent agréable, malheureusement l'auteur a une fâcheuse tendance à utiliser des termes techniques, souvent hors contexte (par exemple le terme médical "distal" pour désigner le point éloigné d'un mur ! Et qu'on ne me parle pas d'image : une image est une figure de style destinée à rendre le propos clair et non à l'obscurcir) et à la construction inélégante.
Son utilisation de la particule explétive "ne" à temps et à contre-temps frôle le pédantisme.
Ces défauts m'ont irritée, mais peut-être surtout parce que j'aurais aimé n'avoir rien à reprocher à cette langue riche et évocatrice.
J'ai aimé les régionalismes évocateurs qu'il utilise, comme : lentibardaner sur les quais de Lyon
Ses descriptions sont d'une grande puissance, il campe un paysage en quelques lignes, ses images sont parlantes. Sa façon de décrire les peintures de Salagnon est éblouissante.
Enfin et surtout il fait montre d'un amour certain de la langue et présente plusieurs études intéressantes de textes, montrant comment on peut pervertir le sens des mots, à propos par exemple de certains textes de De Gaulle ou de certains messages d'extrême droite.

J'ai également aimé la construction de ce livre en deux romans entrelacés et dont les péripéties se répondent.
Il gagne à être relu, on se rend mieux compte de sa construction : par exemple page 22 (commentaire I, à propos de la première guerre du golfe) "personne ne vint voir l'intérieur des chars fumants" annonce la découverte, horrible, de l'intérieur d'un char pendant la deuxième guerre mondiale par le maquisard Salagnon (Roman I)...
Peut-être serai-je amenée à revoir ultérieurement cette note ?

Quant au fond, je n'ai pas grand chose à ajouter à la présentation de Victor.
Peut-être simplement, que j'ai été frappée par le rapprochement que le narrateur fait entre les guerres coloniales et la situation des banlieues (Naturel dans la mesure où les dernières guerres ont commencé par être présentées comme des opérations de maintien de l'ordre).

Même si on n'adhère pas totalement à toutes les thèses de l'auteur, ce roman fait réfléchir : c'est donc un bon livre.


Une question, Victorien Salagnon est-il un lointain descendant de Salavin ?

Une citation : "C'est un pays pauvre, ils ne disposent pas d'une mort par personne, ils furent tués en masse".

Une découverte, faite en lisant le roman à haute voix (p59) :
"Et ainsi le ROMAN, le héROS qui MENT fondent la réalité bien mieux que les actes, le gROS MENsonge offre un fondement aux actes, constitue tout à la fois les fondations cachées et le toit protecteur des actions [...] Le héros militaire se doit d'être un ROMANcier, un gROS MENteur, un inventeur de verbe"

Journal Entry 5 by C-Maupin at Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Ile-de-France France on Friday, October 7, 2011
Commentaires de Gérard :
Pas grand-chose à ajouter aux deux longs commentaires précédents, avec lesquels je suis d'accord.Dommage toutefois que le style de la plupart des chapitres "commentaires" soit déplaisant et excessivement répétitif (j'ai parfois eu l'impression qu'il insistait lourdement pour que je comprenne bien !?). Cela gâche un peu la lecture de ce roman dont le contenu reste excellent.

Journal Entry 6 by rem_WTB-884473 at Paris, Ile-de-France France on Thursday, April 12, 2012
Sur la PAL, merci C-Maupin de me l'avoir fait découvrir en soirée lecture et de me le prêter à présent...

Journal Entry 7 by rem_WTB-884473 at Paris, Ile-de-France France on Sunday, May 27, 2012
"On n'apprend pas impunément la liberté, l'égalité et la fraternité à des gens à qui on les refuse."
J'ai aimé ce livre parce qu'il aborde une période de l'Histoire de notre pays souvent évoquée mais rarement racontée. Ce roman parle de l'armée et de la guerre. Il en parle bien, il en parle avec respect, avec le mot juste, sans juger ceux qui l'ont faite. C'est le livre d'un scrutateur.
Et puis c'est vraiment très bien écrit.
çà commence comme un drame social. Le narrateur en plein dépression quitte Strasbourg et un travail qui l'ennuie pour Lyon, où il prend un job alimentaire le temps de se retourner. Le narrateur rencontre un peintre, lui demande de lui enseigner la peinture et, en rétribution, accepte d'écrire les mémoires du peintre qui a combattu pour la France de 1942 à 1962 (maquis, libération, Allemagne, Indochine, Algérie).
Donc après un gros prologue de 50 pages, on prend le rythme : un chapitre de mémoires de Victorien Salagnon, le peintre soldat et un chapitre de la vie de l'auteur, le plus souvent aux côtés de Salagnon.
Il y a bien quelques longueurs dans certaines tranches de vie du narrateur, mais c'est un moindre défaut compte tenu de la qualité d'ensemble du livre.

Released 11 yrs ago (2/12/2013 UTC) at Société Audiens - Bibliothèque du CE in Vanves, Ile-de-France France

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