Le messie du Darfour
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Littérature africaine (Soudan). Paru chez Zulma.
Le Darfour est une région située dans le nord-ouest du Soudan; ancien sultanat, cette contrée reçoit un peu plus de pluie que les régions avoisinantes. Des melons y poussent, paraît-il. D'où l'intérêt de chasser les canards tentés par ces derniers, au cas où les volatiles, coquins autant que curieux, sortiraient de quelque "mare aux canards" au pied du Djebel Marra (arabe, جبل مرة).
Dans l'encyclopédie informelle en ligne, W., on en apprend davantage sur le Darfour sous "Darfur" (en anglais) et sur le "Jebel Marra" qui est un ancien volcan pyroclastique dont la dernière éruption remonte à 1500 avant J.-C. La photo du Marra montre en effet un ancien cratère reconnaissable avec un lac de cratère qui le remplit.
Le Darfour est une région située dans le nord-ouest du Soudan; ancien sultanat, cette contrée reçoit un peu plus de pluie que les régions avoisinantes. Des melons y poussent, paraît-il. D'où l'intérêt de chasser les canards tentés par ces derniers, au cas où les volatiles, coquins autant que curieux, sortiraient de quelque "mare aux canards" au pied du Djebel Marra (arabe, جبل مرة).
Dans l'encyclopédie informelle en ligne, W., on en apprend davantage sur le Darfour sous "Darfur" (en anglais) et sur le "Jebel Marra" qui est un ancien volcan pyroclastique dont la dernière éruption remonte à 1500 avant J.-C. La photo du Marra montre en effet un ancien cratère reconnaissable avec un lac de cratère qui le remplit.
Réfugié en Europe, Abdelaziz Baraka Sakin situe dans la région soudanaise du Darfour ce roman teinté de violences et ensanglanté par les massacres commis dans la région du nord-ouest/ouest soudanais.¨
Abderahman est une femme ! Elle porte ce nom après avoir survécu à une tuerie; hébétée, elle a prononcé ce prénom... qui lui est resté. Elle rencontre, un jour de marché, Shikiri, enrôlé de force. Elle l'épouse. Elle demande à son époux de l'aider à exercer des représailles contre les combattants "djanjawid" ou janjawid, ceux qui ont massacré des gens dans le Darfour.
Abderahman fait assez figure d'amazone. On peut songer également à Judith, sauf qu'elle ne tue pas Holopherne mais d'obscurs combattants janjawids.
L'émergence d'un Messie du Darfour qui demande à ses fidèles de ne pas l'adorer apporte un élément étrange au roman. L'écrivain mentionne Jésus et Marie. Son Messie propose-t-il un message non territorial, plus universel que seulement musulman ou chrétien ? Peut-être. Nous aurions donc là un Messie démocrate. Le Messie en question entre en concurrence avec le Mahdi des "mahdistes". L'armée entend le tuer, voire le crucifier avec des disciples. L'entrée en scène dudit Messie paraît provocatrice, dérangeante. A priori. Maintenant, Abdelaziz Baraka Sakin entend peut-être par ce biais appeler à une réconciliation... A un objectif qui permette d'aller vers un après-guerre. Peut-être.
Ici et là, le romancier mentionne diverses chefferies ou royautés coutumières dont je ne sais rien: le roi des Zaghawa; le roi des Massalit; pas aisé à comprendre pour des Européens...
J'ai aimé mais j'ai trouvé éprouvant. Bien des passages sont atroces. Le Messie en semble moins fou que les guerriers, par contraste.
Abderahman est une femme ! Elle porte ce nom après avoir survécu à une tuerie; hébétée, elle a prononcé ce prénom... qui lui est resté. Elle rencontre, un jour de marché, Shikiri, enrôlé de force. Elle l'épouse. Elle demande à son époux de l'aider à exercer des représailles contre les combattants "djanjawid" ou janjawid, ceux qui ont massacré des gens dans le Darfour.
Abderahman fait assez figure d'amazone. On peut songer également à Judith, sauf qu'elle ne tue pas Holopherne mais d'obscurs combattants janjawids.
L'émergence d'un Messie du Darfour qui demande à ses fidèles de ne pas l'adorer apporte un élément étrange au roman. L'écrivain mentionne Jésus et Marie. Son Messie propose-t-il un message non territorial, plus universel que seulement musulman ou chrétien ? Peut-être. Nous aurions donc là un Messie démocrate. Le Messie en question entre en concurrence avec le Mahdi des "mahdistes". L'armée entend le tuer, voire le crucifier avec des disciples. L'entrée en scène dudit Messie paraît provocatrice, dérangeante. A priori. Maintenant, Abdelaziz Baraka Sakin entend peut-être par ce biais appeler à une réconciliation... A un objectif qui permette d'aller vers un après-guerre. Peut-être.
Ici et là, le romancier mentionne diverses chefferies ou royautés coutumières dont je ne sais rien: le roi des Zaghawa; le roi des Massalit; pas aisé à comprendre pour des Européens...
J'ai aimé mais j'ai trouvé éprouvant. Bien des passages sont atroces. Le Messie en semble moins fou que les guerriers, par contraste.
Les Zaghawa forment un peuple. Ils vivent au Darfour et au Tchad et utilisent leur propre alphabet.
Idriss Déby, président tchadien, est un Zaghawa.
L'article en français sur les Zaghawa (peuple) dans Wikipédia est assez mal écrit, semé de fautes. Il est un peu meilleur en anglais, "Zaghawa people". Un article en anglais dédié à l'alphabet zaghawa rapporte que leur système d'écriture dérive de marques sur le bétail. Je ne connais aucune langue africaine, donc il se peut que ce commentaire ne mène pas bien loin.
La communauté masalit (avec cette orthographe dans Wikipédia) a fui au Tchad après le génocide au Darfour. Elle était la cible des "Janjaweed".
Idriss Déby, président tchadien, est un Zaghawa.
L'article en français sur les Zaghawa (peuple) dans Wikipédia est assez mal écrit, semé de fautes. Il est un peu meilleur en anglais, "Zaghawa people". Un article en anglais dédié à l'alphabet zaghawa rapporte que leur système d'écriture dérive de marques sur le bétail. Je ne connais aucune langue africaine, donc il se peut que ce commentaire ne mène pas bien loin.
La communauté masalit (avec cette orthographe dans Wikipédia) a fui au Tchad après le génocide au Darfour. Elle était la cible des "Janjaweed".
Je suis un peu perplexe.
Abdelaziz Baraka Sakin a-t-il écrit un roman ? En partie. L'ouvrage se nourrit d'échos de massacres commis au Darfour (Soudan). L'intrigue romanesque paraît mince. Elle sert de prétexte à une dénonciation de la guerre menée au Darfour. Et après ? Je reconnais avoir du mal à comprendre où placer le Messie dans cette histoire... Que vient faire ce mystique ? Quelle est sa place dans la stratégie narrative ? L'écrivain-réfugié tente - apparemment - de présenter le Messie comme un Messie démocrate qui refuse d'être vénéré.
Quel est le message implicite ? Ce Messie tient de Jésus. L'écrivain veut-il aboutir à une sorte d'oecuménisme entre islam et chrétienté ? S'en prend-il aux Mahdistes soudanais ?
Autre difficulté: la mention des Masalit et des Zaghawa balancés au gré du récit à la vue d'un public occidental blanc qui ne sait pas de qui il s'agit. Le "roi des Massalit" n'est pas une personnalité spontanément identifiable par le public occidental (destinataire de ce livre, sans doute). Pas comme, mettons, l'Aga Khan ou le roi du Maroc.
En théorie, avec des rois coutumiers, un Messie et une amazone, il y avait de quoi monter un roman baroque à la façon de Moi le Suprême d'Augusto Roa Bastos ou des 1001 années... de Rachid Boujedra. Là, nous sommes face à un genre rapide, le temps presse, il y a urgence, c'est ce que nous fait comprendre ABS. Dommage qu'on ne soit pas dans un temps narratif plus baroque, plus flamboyant.
Abdelaziz Baraka Sakin a-t-il écrit un roman ? En partie. L'ouvrage se nourrit d'échos de massacres commis au Darfour (Soudan). L'intrigue romanesque paraît mince. Elle sert de prétexte à une dénonciation de la guerre menée au Darfour. Et après ? Je reconnais avoir du mal à comprendre où placer le Messie dans cette histoire... Que vient faire ce mystique ? Quelle est sa place dans la stratégie narrative ? L'écrivain-réfugié tente - apparemment - de présenter le Messie comme un Messie démocrate qui refuse d'être vénéré.
Quel est le message implicite ? Ce Messie tient de Jésus. L'écrivain veut-il aboutir à une sorte d'oecuménisme entre islam et chrétienté ? S'en prend-il aux Mahdistes soudanais ?
Autre difficulté: la mention des Masalit et des Zaghawa balancés au gré du récit à la vue d'un public occidental blanc qui ne sait pas de qui il s'agit. Le "roi des Massalit" n'est pas une personnalité spontanément identifiable par le public occidental (destinataire de ce livre, sans doute). Pas comme, mettons, l'Aga Khan ou le roi du Maroc.
En théorie, avec des rois coutumiers, un Messie et une amazone, il y avait de quoi monter un roman baroque à la façon de Moi le Suprême d'Augusto Roa Bastos ou des 1001 années... de Rachid Boujedra. Là, nous sommes face à un genre rapide, le temps presse, il y a urgence, c'est ce que nous fait comprendre ABS. Dommage qu'on ne soit pas dans un temps narratif plus baroque, plus flamboyant.
Journal Entry 5 by souram at Boîte à livres Espacité in La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel Switzerland on Sunday, June 4, 2017
Released 6 yrs ago (6/4/2017 UTC) at Boîte à livres Espacité in La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel Switzerland
WILD RELEASE NOTES:
Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)
Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
N'ayez pas d'hésitation: donnez votre avis, ou racontez votre découverte, cela nous plaît de savoir ce que deviennent les livres "libérés" ainsi.
Il n'est a priori pas prévu de pratiquer des tarifs dégressifs en faveur du Messie du Darfour, en faisant baisser le prix de vente en fonction de l'augmentation des quantités achetées.
Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
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Il n'est a priori pas prévu de pratiquer des tarifs dégressifs en faveur du Messie du Darfour, en faisant baisser le prix de vente en fonction de l'augmentation des quantités achetées.