Le Jour ne se lève pas pour nous

by Robert Merle | Literature & Fiction |
ISBN: 2253140775 Global Overview for this book
Registered by Victor-Schmara of Lille, Nord-Pas-de-Calais France on 8/8/2004
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Journal Entry 1 by Victor-Schmara from Lille, Nord-Pas-de-Calais France on Sunday, August 8, 2004

J’ai acheté ce livre après avoir visité, en juillet 2002, le premier sous-marin atomique français, Le Redoutable, construit en 1967, désarmé en 1991, et, pour la première fois, ouvert au public sur le port de Cherbourg.

Je crois qu’on ne peut pas concevoir, même en en parcourant un, la vie quotidienne à bord d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE).
L’énoncé de ce qu’il regroupe ressemble en effet à une blague, tant le niveau de risque concentré atteint des records :
Sur 130 mètres de long et 10 mètres de diamètre :
- un réacteur nucléaire, pour l’énergie et la propulsion, qui pourrait subvenir à l’éclairage d’une ville comme Limoges,
- seize missiles nucléaires longue-portée,
- 135 hommes,
- 9000 tonnes en plongée,
- et jusqu’à trois mois parfois sans donner de nouvelles.

En 1985, Merle s’est fait accepter pour un « roman-reportage » à bord du Foudroyant et de l’Inflexible, deux sous-marins équivalents.
Ce livre est tiré de ses observations.

Je sais peu de choses de Robert Merle, hormis qu’il a vendu 5 millions d’exemplaires de ses tomes de « Fortune de France » (jamais lu), ce qui en fait ce que j’appelle un auteur respectable, et qu’il est l’auteur de La mort est mon métier (1953), récit romancé sur l’organisation des camps en 1942, pour moi nettement dans la catégorie des livres inoubliables.

C’est la lecture, dans la librairie-même, de quelques lignes de son avant-propos, en plus de la visite évoquée, qui m’a décidé à acheter ce livre.

« […]
Il y a sûrement un endroit où l’on serait mieux, mais en attendant c’est ici que nous sommes. dit un proverbe allemand.
J’entends, sur cette planète.
Il nous faut non-seulement vivre avec la menace de sa destruction suspendue au-dessus de nos têtes, mais faire partie, en tant qu’agents actifs, de cette menace même.
Homéopathie quasi-désespérée : nous essayons par l’horreur de faire reculer l’horreur.
J’ai voulu montrer dans ce livre la vie obscure et périlleuse des équipages qui, dans nos SNLE, accomplissent cette tâche. Plus j’ai écouté ces marins, plus je les ai trouvés humains, ouverts et sympathiques. Il en est d’eux comme, sans doute, de leurs homologues anglais, américains ou soviétiques : ils ne sont en aucune façon des guerriers impatients d’en découdre. Ils sont, bien au rebours, infiniment plus conscients que la plupart de nos concitoyens de ce qui se passerait dans la patrie des autres et dans leur propre patrie, si l’ordre de tirer leurs missiles balistiques leur était transmis.
Je ne prédis en aucune façon que cet ordre leur sera un jour donné. Mais que cette possibilité existe montre à quel point sont détraqués les temps que nous vivons. Hamlet s’en plaignait déjà. Mais quand ce qui est en jeu, c’est la survie de l’espèce humaine, il serait peut-être temps d’y penser jour et nuit. »

On ressort du livre avec le sentiment réjouissant d’avoir été admis quelques heures dans le secret, doublé de l’assurance qu'en effet notre dissuasion n’est pas confiée à des incapables.

Released on Thursday, August 12, 2004 , dans la chambre aux perroquets d'une jolie maison in St André d'Huyriat, Rhône-Alpes France, vers 7h, au sortir d'une nuit d'étoiles filantes.

Mon travail m’amène à fréquenter, entre autres, des entrepôts et des usines. Dans les uns comme dans les autres, ce qui me frappe souvent est l’étrange atmosphère -appliquée, concentrée et comme hors des réalités de derrière les murs aveugles- qui y règne la nuit, plus encore au petit matin. Moi qui n’aime rien autant que voir le soleil se lever, j’ai toujours une pensée pour les dizaines de personnes que j’y rencontre, pour certaines au travail à l’aube depuis des dizaines d’années, et qui sont privées de ce spectacle : petite dédicace à leur intention, car le jour ne se lève pas pour elles non plus.

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