Cambodge
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Le bookcrossing fait voyager des livres.
Libération dédiée aux "enfants du millénaire" (millenials) parce que leur vision du Cambodge est empreinte de paix. Ce qui me permet de placer cette phrase: khnhom sralanh anak (allons, devinez un peu ce que ça signifie en khmer, hi hi !) A l'écrit (mais tu es touriste tu utiliseras peu la langue écrite khmère, ou alors les usages touristiques ont évolué) cela donne même ceci: ខ្ញុំស្រលាញ់អ្នក។.
... les deux femmes allèrent déclarer aux serviteurs royaux: "Notre mari a volé le paon du roi pour le manger !" Il s'agissait d'un paon d'or, kngaok en khmer. Mais l'homme avait tué un coq puis fait accroire qu'il avait cuisiné le paon appartenant au roi. (Partie d'un conte khmer.) Il était une fois une reine khmère appelée Srey Akyuthea. Comme elle était la reine, aucun homme n'osait la demander en mariage. Aussi dut-elle elle-même choisir son conjoint. A cause de ce contexte, les femmes khmères se virent obligées à leur tour de demander les hommes en mariage. Ceux-ci ignoraient les demandes de femmes qu'ils ne jugeaient pas assez belles. Les Khmères réfléchirent donc à un stratagème pour changer la situation. Parce que ça handicapait les relations: on n'allait pas en rester à khnhom sralanh anak comme si rien ne pouvait se passer après. Elles challengèrent (défièrent) les hommes: on verra bien, qui, des femmes ou des hommes, arriverait à ériger la montagne la plus élevée. En cas de victoire des femmes, les hommes devraient présenter, eux, les demandes en mariage. La règle: chacun des deux camps devait entasser de la terre et ériger la "montagne" (levée de terre en fait) la plus haute avant le lever de Sirius (étoile du matin) Interdiction de prendre la moindre pause (les personnages des contes sont rarement syndiqués) avant le lever de l'étoile en question. Non-stop donc. Au bout de 3 ou 4 heures les femmes accrochèrent une lanterne. Les hommes crurent que l'étoile s'était levée. (Alors là chapeau les zigs ! infoutus de discerner lanterne et étoile...) Ils allèrent donc pioncer. Lorsque l'aube (la vraie) se leva ils découvrirent que les filles avaient érigé un tas bien plus haut. Désormais ce serait aux hommes de présenter les demandes en mariage. Les touristes n'existaient pas encore, quoique, des pèlerins bouddhistes dans l'empire khmer, il y en a eu, dont un Chinois. Mais les touristes (ceux-ci de nos jours sont un peu comme des pèlerin.e.s sans divinité) allaient un jour faire rire en prononçant de façon incertaine tae anak nung riebkear cheamuoy khnhom te? (A cause des fautes d'accent.) Voilà l'issue du challenge. Ensuite au Cambodge on jouerait à action ou vérité: relève un défi ou dis-nous qui tu aimes, mettons, les timides préfèrent bouffer du paon (ça a quel goût ? poulet ? ça existe au curry ?) (Autre conte khmer. Ce petit pays miraculé est une mine de trésors narratifs ! Il n'y a pas qu'Angkor-Vat.)
Est-ce que le paon est kacher ? (M.-A. Ouaknin et D. Rotnemer, La Bible de l'humour juif)... Ton paon ? Je l'ai mangé ! (réponse du rabbi)
Qu'il trotte sur ses deux pattes au Jardin botanique de Genève (je suis témoin) ou au Cambodge, le paon est plus aisé à repérer que le mystérieux គោព្រៃ. Kouprey, en khmer: "boeuf sauvage". Là les adeptes de la cryptozoologie rechargeront les batteries du smartphone au cas où. An cas où quoi ? Aucun spécimen vivant n'a été vu depuis 1988 au Cambodge !
Nom scientifique, bos sauveli en l'honneur du vétérinaire français René Sauvel qui opérait au Cambodge. Le kouprey faisait déjà l'objet de récits et de poèmes durant la période angkorienne, déclamés à l'occasion du nouvel an Khmer. Pour les Cambodgiens, le Kouprey était le symbole de la puissance et de la fécondité. Le Kouprey aurait également figuré sur des peintures rupestres, et des restes auraient été trouvés dans des tombes à Ban Chiang. Des statues représentants des koupreys ont été sculptées sur des bas-reliefs du temple du Bayon. Et donc... Leur espérance de vie est de 20 ans. Ils ont un jeune par portée, de décembre à février. Les troupeaux, mobiles, d'une vingtaine de bêtes en saison sèche, se font et se défont ; ils se mêlent à d'autres bovins comme les bantengs ou les buffles d'eau.
Tchun / Tbon / Kaut / Lek = en khmer, Nord Sud Est Ouest.
C'est là si jamais vocabulaire de survie au Cambodge
Libération dédiée aux "enfants du millénaire" (millenials) parce que leur vision du Cambodge est empreinte de paix. Ce qui me permet de placer cette phrase: khnhom sralanh anak (allons, devinez un peu ce que ça signifie en khmer, hi hi !) A l'écrit (mais tu es touriste tu utiliseras peu la langue écrite khmère, ou alors les usages touristiques ont évolué) cela donne même ceci: ខ្ញុំស្រលាញ់អ្នក។.
... les deux femmes allèrent déclarer aux serviteurs royaux: "Notre mari a volé le paon du roi pour le manger !" Il s'agissait d'un paon d'or, kngaok en khmer. Mais l'homme avait tué un coq puis fait accroire qu'il avait cuisiné le paon appartenant au roi. (Partie d'un conte khmer.) Il était une fois une reine khmère appelée Srey Akyuthea. Comme elle était la reine, aucun homme n'osait la demander en mariage. Aussi dut-elle elle-même choisir son conjoint. A cause de ce contexte, les femmes khmères se virent obligées à leur tour de demander les hommes en mariage. Ceux-ci ignoraient les demandes de femmes qu'ils ne jugeaient pas assez belles. Les Khmères réfléchirent donc à un stratagème pour changer la situation. Parce que ça handicapait les relations: on n'allait pas en rester à khnhom sralanh anak comme si rien ne pouvait se passer après. Elles challengèrent (défièrent) les hommes: on verra bien, qui, des femmes ou des hommes, arriverait à ériger la montagne la plus élevée. En cas de victoire des femmes, les hommes devraient présenter, eux, les demandes en mariage. La règle: chacun des deux camps devait entasser de la terre et ériger la "montagne" (levée de terre en fait) la plus haute avant le lever de Sirius (étoile du matin) Interdiction de prendre la moindre pause (les personnages des contes sont rarement syndiqués) avant le lever de l'étoile en question. Non-stop donc. Au bout de 3 ou 4 heures les femmes accrochèrent une lanterne. Les hommes crurent que l'étoile s'était levée. (Alors là chapeau les zigs ! infoutus de discerner lanterne et étoile...) Ils allèrent donc pioncer. Lorsque l'aube (la vraie) se leva ils découvrirent que les filles avaient érigé un tas bien plus haut. Désormais ce serait aux hommes de présenter les demandes en mariage. Les touristes n'existaient pas encore, quoique, des pèlerins bouddhistes dans l'empire khmer, il y en a eu, dont un Chinois. Mais les touristes (ceux-ci de nos jours sont un peu comme des pèlerin.e.s sans divinité) allaient un jour faire rire en prononçant de façon incertaine tae anak nung riebkear cheamuoy khnhom te? (A cause des fautes d'accent.) Voilà l'issue du challenge. Ensuite au Cambodge on jouerait à action ou vérité: relève un défi ou dis-nous qui tu aimes, mettons, les timides préfèrent bouffer du paon (ça a quel goût ? poulet ? ça existe au curry ?) (Autre conte khmer. Ce petit pays miraculé est une mine de trésors narratifs ! Il n'y a pas qu'Angkor-Vat.)
Est-ce que le paon est kacher ? (M.-A. Ouaknin et D. Rotnemer, La Bible de l'humour juif)... Ton paon ? Je l'ai mangé ! (réponse du rabbi)
Qu'il trotte sur ses deux pattes au Jardin botanique de Genève (je suis témoin) ou au Cambodge, le paon est plus aisé à repérer que le mystérieux គោព្រៃ. Kouprey, en khmer: "boeuf sauvage". Là les adeptes de la cryptozoologie rechargeront les batteries du smartphone au cas où. An cas où quoi ? Aucun spécimen vivant n'a été vu depuis 1988 au Cambodge !
Nom scientifique, bos sauveli en l'honneur du vétérinaire français René Sauvel qui opérait au Cambodge. Le kouprey faisait déjà l'objet de récits et de poèmes durant la période angkorienne, déclamés à l'occasion du nouvel an Khmer. Pour les Cambodgiens, le Kouprey était le symbole de la puissance et de la fécondité. Le Kouprey aurait également figuré sur des peintures rupestres, et des restes auraient été trouvés dans des tombes à Ban Chiang. Des statues représentants des koupreys ont été sculptées sur des bas-reliefs du temple du Bayon. Et donc... Leur espérance de vie est de 20 ans. Ils ont un jeune par portée, de décembre à février. Les troupeaux, mobiles, d'une vingtaine de bêtes en saison sèche, se font et se défont ; ils se mêlent à d'autres bovins comme les bantengs ou les buffles d'eau.
Tchun / Tbon / Kaut / Lek = en khmer, Nord Sud Est Ouest.
C'est là si jamais vocabulaire de survie au Cambodge
Journal Entry 2 by souram at Boîte à livres - La Croix-de-Rozon in Bardonnex, Genève Switzerland on Saturday, September 14, 2024
Released 3 wks ago (9/14/2024 UTC) at Boîte à livres - La Croix-de-Rozon in Bardonnex, Genève Switzerland
WILD RELEASE NOTES:
Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)
"Le tigre a besoin de la forêt, la forêt a besoin du tigre." Proverbe khmer ancien d'un âge où on ne se figurait pas que ce dicton serait un jour qualifié d'écologique. Les humains ont besoin de la forêt. Du tigre, je ne crois pas. En tout cas je n'en voudrais pas à la maison. Dans une forêt habitaient des génies (des sortes de djinns ou de faunes, dryades sans doute) plus un lion (en Asie du Sud-Est ? on a vu ça où ? mais les animaux fabuleux sont décalés) et un tigre. Les génies se sentaient sécurisés parce que les humains évitaient d'entrer dans la sylve comme d'y abattre le moindre arbre. En effet les gens craignaient les attaques du lion et du tigre. Ces deux fauves, eux, chassaient (le gouprey ? le gaur ? un peu tout ce qui était sous eux dans la chaîne alimentaire) Abandonnaient les charognes après avoir mangé, de sorte que ça puait. Un génie se plaignit, demanda qu'on expulsât les fauves. Mais il y eut opposition: les fauves protégeaient la forêt des intrusions humaines. Néanmoins le tigre et le lion durent partir. Les humains, découvrant que la forêt n'était plus dangereuse, vinrent abattre des arbres. Alarmé, un génie demanda au tigre et au lion de revenir mais ils refusèrent. (Sans doute vexés.) La forêt, donc, disparut, remplacée par des plantations. (Conte khmer sur la coopération inter-espèces et l'expansion démographique humaine.)
L'ennui avec les serpents c'est leur venin.
Alors, touristes, regardez où vous mettez les pieds, au Cambodge. Pas tant à Phnom Penh qu'en rase campagne sylvicole rizicole...
Jadis les serpents venimeux n'existaient pas au Cambodge ni où que ce fut en terre khmère. Le seul exemplaire d'ophidien s'appelait Keng Kang. Et donc Neang Ny, mère de la jeune Neang Et (Neang semble donc être le nom de famille, éclairez-nous si jamais) alors que son conjoint était parti très loin faire commerce de perles, partit couper du bois avec une herminette. Keng Kang le serpent monopolistique jaillit et lui vola l'herminette. Il annonça qu'il ne la rendrait à la femme que si elle consentait à l'épouser, lui, Keng Kang, le gros serpent très lourd. La femme accepta le marché. Au fil des allées et venues, elle tomba enceinte du serpent. (Les contes permettent de franchir les barrières interspécifiques. Comme le mythe arctique de la girl qui tombe amoureuse d'un chien inuit mais les petits qu'elle a de lui sont des bébés humains, parce qu'au début du monde, danse pour le début du monde, les bêtes sont multifonctions et magiques.) Le mari rentra. Vit sa femme enceinte. Après 2 ou 3 ans d'absence, le mari se douta bien que l'enfant ne pouvait être de lui. La fille raconta au papa ce qui s'était passé. Le père se mit en embuscade pour attaquer Keng Kang et en effet il trancha net la tête du serpent. Il le découpa et le cuisina, prépara un repas de serpent sans dire à sa femme ce qui mijotait. (Jamais mangé du reptile: je me demande si c'est bon. "Y a pas de lézard" dit-il, jouant sur les mots) Il planqua la queue du reptile à un endroit, la tête dans un autre. Un corbeau croassa et vendit la mèche pendant le repas. Alors Madame pigea que ce qu'elle avait mangé c'était son conjoint reptilien. Elle en pleura. Le mari humain bipède décida de tuer sa femme. La ruse le mena à aller à l'orée du bois avec elle sous prétexte de lui laver les cheveux. Il la tua quand même. La scinda en deux. Du gros ventre de la victime sortirent en hâte plusieurs serpents qui parvinrent à fuir au loin. Voilà pourquoi, depuis, le Cambodge abrite plusieurs espèces de serpents. (Conte khmer. Dans un autre registre, lire Impasse khmère de la Genevoise Olivia Gerig.)
Keng Kang dit-il à la femme "Aie confiance" ? Comme disait Kipling ceci est une autre histoire.
"Le tigre a besoin de la forêt, la forêt a besoin du tigre." Proverbe khmer ancien d'un âge où on ne se figurait pas que ce dicton serait un jour qualifié d'écologique. Les humains ont besoin de la forêt. Du tigre, je ne crois pas. En tout cas je n'en voudrais pas à la maison. Dans une forêt habitaient des génies (des sortes de djinns ou de faunes, dryades sans doute) plus un lion (en Asie du Sud-Est ? on a vu ça où ? mais les animaux fabuleux sont décalés) et un tigre. Les génies se sentaient sécurisés parce que les humains évitaient d'entrer dans la sylve comme d'y abattre le moindre arbre. En effet les gens craignaient les attaques du lion et du tigre. Ces deux fauves, eux, chassaient (le gouprey ? le gaur ? un peu tout ce qui était sous eux dans la chaîne alimentaire) Abandonnaient les charognes après avoir mangé, de sorte que ça puait. Un génie se plaignit, demanda qu'on expulsât les fauves. Mais il y eut opposition: les fauves protégeaient la forêt des intrusions humaines. Néanmoins le tigre et le lion durent partir. Les humains, découvrant que la forêt n'était plus dangereuse, vinrent abattre des arbres. Alarmé, un génie demanda au tigre et au lion de revenir mais ils refusèrent. (Sans doute vexés.) La forêt, donc, disparut, remplacée par des plantations. (Conte khmer sur la coopération inter-espèces et l'expansion démographique humaine.)
L'ennui avec les serpents c'est leur venin.
Alors, touristes, regardez où vous mettez les pieds, au Cambodge. Pas tant à Phnom Penh qu'en rase campagne sylvicole rizicole...
Jadis les serpents venimeux n'existaient pas au Cambodge ni où que ce fut en terre khmère. Le seul exemplaire d'ophidien s'appelait Keng Kang. Et donc Neang Ny, mère de la jeune Neang Et (Neang semble donc être le nom de famille, éclairez-nous si jamais) alors que son conjoint était parti très loin faire commerce de perles, partit couper du bois avec une herminette. Keng Kang le serpent monopolistique jaillit et lui vola l'herminette. Il annonça qu'il ne la rendrait à la femme que si elle consentait à l'épouser, lui, Keng Kang, le gros serpent très lourd. La femme accepta le marché. Au fil des allées et venues, elle tomba enceinte du serpent. (Les contes permettent de franchir les barrières interspécifiques. Comme le mythe arctique de la girl qui tombe amoureuse d'un chien inuit mais les petits qu'elle a de lui sont des bébés humains, parce qu'au début du monde, danse pour le début du monde, les bêtes sont multifonctions et magiques.) Le mari rentra. Vit sa femme enceinte. Après 2 ou 3 ans d'absence, le mari se douta bien que l'enfant ne pouvait être de lui. La fille raconta au papa ce qui s'était passé. Le père se mit en embuscade pour attaquer Keng Kang et en effet il trancha net la tête du serpent. Il le découpa et le cuisina, prépara un repas de serpent sans dire à sa femme ce qui mijotait. (Jamais mangé du reptile: je me demande si c'est bon. "Y a pas de lézard" dit-il, jouant sur les mots) Il planqua la queue du reptile à un endroit, la tête dans un autre. Un corbeau croassa et vendit la mèche pendant le repas. Alors Madame pigea que ce qu'elle avait mangé c'était son conjoint reptilien. Elle en pleura. Le mari humain bipède décida de tuer sa femme. La ruse le mena à aller à l'orée du bois avec elle sous prétexte de lui laver les cheveux. Il la tua quand même. La scinda en deux. Du gros ventre de la victime sortirent en hâte plusieurs serpents qui parvinrent à fuir au loin. Voilà pourquoi, depuis, le Cambodge abrite plusieurs espèces de serpents. (Conte khmer. Dans un autre registre, lire Impasse khmère de la Genevoise Olivia Gerig.)
Keng Kang dit-il à la femme "Aie confiance" ? Comme disait Kipling ceci est une autre histoire.