Le temps qu'il fait à Middenshot
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Ce roman est extrêmement curieux, presque un huis-clos avec des personnages qui se manipulent les uns les autres et dont on se demande s'ils sont vraiment ce qu'ils paraissent. Le discours et les situations se répètent de manière lancinante, dans l'isolement et avec une météo particulièrement hostile. La biographie de l'auteur indique qu'il était tourmenté. On veut bien le croire.
La lecture est assez déplaisante, d'abord parce qu'on ne sait jamais très bien de quelle personne on suit les pensées. Cela change d'une phrase à l'autre et sans prévenir. Ensuite, parce que la folie, c'est bien pratique en littérature mais ça devient pénible à la longue. L'écrivain évoque les questions de l'euthanasie en fin de vie et du traitement à réserver aux tueurs psychopathes. Certaines opinions très tranchées sont mises dans la bouche des personnages sans qu'on sache très bien ce que l'auteur en pense lui-même. On peut toujours prétendre qu'il faut prendre ça au second degré, que c'est dit brutalement pour qu'on voie toute l'horreur de la chose, en attendant, ce qui est écrit est écrit et non dénué d'une certaine ambiguïté.
La lecture est assez déplaisante, d'abord parce qu'on ne sait jamais très bien de quelle personne on suit les pensées. Cela change d'une phrase à l'autre et sans prévenir. Ensuite, parce que la folie, c'est bien pratique en littérature mais ça devient pénible à la longue. L'écrivain évoque les questions de l'euthanasie en fin de vie et du traitement à réserver aux tueurs psychopathes. Certaines opinions très tranchées sont mises dans la bouche des personnages sans qu'on sache très bien ce que l'auteur en pense lui-même. On peut toujours prétendre qu'il faut prendre ça au second degré, que c'est dit brutalement pour qu'on voie toute l'horreur de la chose, en attendant, ce qui est écrit est écrit et non dénué d'une certaine ambiguïté.
Eh bien, Laure69, merci d'avoir apporté ce livre à Strasbourg. Je viens de lire sur la 4ème de couverture :
"Si vous aimez les romans victoriens, les comédies noires et Sherlock Holmes, ruez-vous sur Le temps qu'il fait à Middenshot" d'après France Culture. C'est tout moi. Si j'ajoute que j'aime aussi les romans d'outre-mer, j'ai très bien fait de le récupérer !
"Si vous aimez les romans victoriens, les comédies noires et Sherlock Holmes, ruez-vous sur Le temps qu'il fait à Middenshot" d'après France Culture. C'est tout moi. Si j'ajoute que j'aime aussi les romans d'outre-mer, j'ai très bien fait de le récupérer !
Un roman étrange s'il en est. Par sa localisation, d'abord : l'auteur a beau être né outre-mer, en Guyana précisément, l'action se situe dans un petit village d'Angleterre. Il est vrai qu'il y a vécu. Par sa composition, ensuite : quasiment une pièce de théâtre, où les personnages, atypiques, entrent et sortent de scène à tour de rôle. Par l'accélération du rythme : à la fin, les narrateurs se succèdent si vite qu'on ne sait plus qui parle, comme pour rendre le lecteur schizophrène. Il faut ralentir la lecture pour le comprendre.
Pour ce qui est de l'écriture, du style, j'ai beaucoup aimé : un roman gothique, oui, on peut le dire, avec des accents baudelairiens : "...mes fleuves t'entraîneront vers les criques lointaines et moelleuses où tout est charme, tendresse, indolence et limpidité..." Luxe, calme et volupté ? Et de nombreux passages plus rimbaldiens, sombres, tourmentés, comme une saison en enfer.
Là où je rejoins Laure69, c'est que cette intrigue, qui tourne autour de la folie en se mariant parfaitement à la météo, ces envolées lyriques, belles, très littéraires, sont gâchées par des discours redondants et qui finissent par devenir lourds, sur l'eugénisme et le nettoyage de la "vermine". L'auteur y adhère-t-il ou non, je ne saurais le dire. Lui-même est extrêmement tourmenté, marqué par des événements historiques, comme nous l'apprend la préface à ne pas manquer.
En tout cas, j'aurais malgré tout apprécié cette lecture, pour l'ambiance créée et le plaisir des images.
Quelqu'un osera-t-il se lancer dans la découverte via la BBV des écrivains du monde ?
Pour ce qui est de l'écriture, du style, j'ai beaucoup aimé : un roman gothique, oui, on peut le dire, avec des accents baudelairiens : "...mes fleuves t'entraîneront vers les criques lointaines et moelleuses où tout est charme, tendresse, indolence et limpidité..." Luxe, calme et volupté ? Et de nombreux passages plus rimbaldiens, sombres, tourmentés, comme une saison en enfer.
Là où je rejoins Laure69, c'est que cette intrigue, qui tourne autour de la folie en se mariant parfaitement à la météo, ces envolées lyriques, belles, très littéraires, sont gâchées par des discours redondants et qui finissent par devenir lourds, sur l'eugénisme et le nettoyage de la "vermine". L'auteur y adhère-t-il ou non, je ne saurais le dire. Lui-même est extrêmement tourmenté, marqué par des événements historiques, comme nous l'apprend la préface à ne pas manquer.
En tout cas, j'aurais malgré tout apprécié cette lecture, pour l'ambiance créée et le plaisir des images.
Quelqu'un osera-t-il se lancer dans la découverte via la BBV des écrivains du monde ?
Journal Entry 4 by Indy2012 at BBV des écrivains du monde, A Bookbox -- Controlled Releases on Sunday, October 27, 2024
Released 1 mo ago (10/28/2024 UTC) at BBV des écrivains du monde, A Bookbox -- Controlled Releases
CONTROLLED RELEASE NOTES:
Malgré quelques résonances douteuses, un auteur du Guyana à découvrir : premier romancier professionnel des Caraïbes anglophones.
Bon voyage, bonne lecture !
Bon voyage, bonne lecture !
Dans mon secteur où le courrier arrive désormais vers 15h (depuis septembre) Le Temps qu'il fait à Middenshot m'est parvenu aujourd'hui 1er novembre.
Merci, Indy. J'aime bien la carte postale du vase antique de Capoue. Capua. Début de l'enlisement d'Hannibal.
Merci, Indy. J'aime bien la carte postale du vase antique de Capoue. Capua. Début de l'enlisement d'Hannibal.
Page 73: (Début d'une longue phrase 12 lignes et...) ... vers cette cachette lointaine où des hommes, ayant mis en commun leurs rêves et leurs folles inventions, attendent avec soumission mais impatience le jour qui marquera leur délivrance et leur permettra de courir seuls dans les bois, en semant la terreur.
A un moment - p. 193 - Mr Jarrow affirme que l'inspecteur de police a des dons de médium. Mr Jarrow a quelque chose de détraqué; il croit sa femme défunte, ne réalise pas qu'elle est en vie.
À Middenshot, quand le vent cesse enfin de hurler, c'est le tumulte intérieur qui prend le relais. Depuis son accident, quelque chose s'est brisé en Mr. Jarrow. Sa femme aimante et bien vivante, il s'est convaincu qu'elle était morte, alors il ne s'adresse à elle que lors de séances de spiritisme. Sa fille, en passe de devenir vieille fille, supporte toutes ses manies en se berçant d'illusions sur les intentions de son voisin : Mr. Holme. Et ce monde déjà bancal est menacé : un tueur fou rode à Middenshot. Pour lui échapper, il faudra aux personnages s'aventurer au-delà du bien et du mal.
Roman dément, Le temps qu'il fait à Middenshot est une comédie noire terrifiante. Enveloppé par le vent, le brouillard et la neige, le lecteur pétrifié et amusé se délecte d'un récit tout en tension posant une redoutable question : quel est notre rapport à la violence?
A un moment - p. 193 - Mr Jarrow affirme que l'inspecteur de police a des dons de médium. Mr Jarrow a quelque chose de détraqué; il croit sa femme défunte, ne réalise pas qu'elle est en vie.
À Middenshot, quand le vent cesse enfin de hurler, c'est le tumulte intérieur qui prend le relais. Depuis son accident, quelque chose s'est brisé en Mr. Jarrow. Sa femme aimante et bien vivante, il s'est convaincu qu'elle était morte, alors il ne s'adresse à elle que lors de séances de spiritisme. Sa fille, en passe de devenir vieille fille, supporte toutes ses manies en se berçant d'illusions sur les intentions de son voisin : Mr. Holme. Et ce monde déjà bancal est menacé : un tueur fou rode à Middenshot. Pour lui échapper, il faudra aux personnages s'aventurer au-delà du bien et du mal.
Roman dément, Le temps qu'il fait à Middenshot est une comédie noire terrifiante. Enveloppé par le vent, le brouillard et la neige, le lecteur pétrifié et amusé se délecte d'un récit tout en tension posant une redoutable question : quel est notre rapport à la violence?
Pas des plus simples à suivre. Et dans ce roman gothique, disons, où se déroulent d'horribles faits quelque part dans l'ombre, en cette fin d'automne (on comprend que l'hiver est arrivé dès que la neige tombe) l'écrivain fait parler des personnages au sujet du devenir de la société. A croire que des personnages (j'ignore si l'écrivain guyanais était de cet avis) cherchent l'impossible moyen de commettre la violence - éliminer les psychopathes, inaptes, criminels - de façon vertueuse, en ayant pour but d'empêcher de futurs crimes. La violence comme outil pour prévenir celle-ci. Et qui dirigera le personnel chargé des purges ?
A l'ambiance trouble s'ajoute cette espèce de serpent qui se mord la queue ou plutôt une quadrature du cercle. P. 230: L'environnement social n'y est pour rien. (Jusqu'à quel point ? Et l'ADN en 1952 on n'y connaissait pas grand-chose).
Les échos de la météo donnent le titre à ce roman. Pas d'une lecture très sereine, comme si l'espèce de démence lancinante contaminait la narration. Il est par chance question d'un peu d'attirance amoureuse. Mais ces traces de pas dans la neige, ces allées et venues dans le mauvais temps sur fond de peur parce qu'un tueur rôde on ne sait où donnent une tonalité sinistre à cette fiction.
A l'ambiance trouble s'ajoute cette espèce de serpent qui se mord la queue ou plutôt une quadrature du cercle. P. 230: L'environnement social n'y est pour rien. (Jusqu'à quel point ? Et l'ADN en 1952 on n'y connaissait pas grand-chose).
Les échos de la météo donnent le titre à ce roman. Pas d'une lecture très sereine, comme si l'espèce de démence lancinante contaminait la narration. Il est par chance question d'un peu d'attirance amoureuse. Mais ces traces de pas dans la neige, ces allées et venues dans le mauvais temps sur fond de peur parce qu'un tueur rôde on ne sait où donnent une tonalité sinistre à cette fiction.