En un quart de siècle, il n'a publié que trois romans. Pourtant, depuis Les Soleils des indépendances, son premier livre paru en 1975, Ahmadou Kourouma, né en 1927 en Côte d'Ivoire, est considéré comme un classique de la littérature africaine.

En attendant le vote des bêtes sauvages fait le portrait d'un certain président Koyaga en qui il est facile de reconnaître bon nombre de dictateurs africains.
Au cours de six veillées, il écoute ravi ses louanges chantées par son griot. Koyaga est trop imbu de lui-même pour s'apercevoir que ces éloges sont ambigus et dissimulent à peine des critiques féroces.
P>Mais le livre de Kourouma n'est pas un pamphlet politique. Il démonte avec subtilité les contradictions entre un discours technocratique souvent creux et le profond attachement aux croyances d'une Afrique plusieurs fois millénaire.
Contradictions sensibles dans la langue étonnante du romancier qui s'emploie, non sans humour, à exprimer en français la logique et les structures de la culture malinké dont il est originaire.

En attendant le vote des bêtes sauvages a obtenu le prix de Livre Inter 1999.

Choisi dans la BBV écrivains du monde par Indy, bonne lecture ,!

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Bonne lecture !

Wilena

Merci Wilena ! J'ai longtemps hésité à choisir ce livre, un peu rebutée par sa couverture. Mais bon, un portrait "féroce et plein d'humour", cela devrait me plaire.

Je l'ai regardé un nombre de fois et j'ai toujours hésité à m'y plonger, car vraiment la couverture ne donne pas envie. Mais courage !
J'ai bien fait d'oser. Première fois que je lis un roman à la construction aussi originale : une cérémonie "purificatoire", menée par le griot et son répondeur, qui s'adressent à Koyaga, général, président, l'interpellent, le félicitent, et mine de rien, le critiquent, le dénoncent, le fustigent. Le récit, rythmé très précisément, dure 6 veillées, avec des interruptions, des proverbes, même des chansons. L'hagiographie fantaisiste, sous-tendue par un humour subtil, est prétexte à une satire féroce et décapante, mais au fond tragique, de tous ces dictateurs qui prennent le pouvoir pour "sauver" leur pays, selon des mécanismes mis à nu.
Petit extrait p. 183 : " La politique est comme la chasse, on entre en politique comme on entre dans l'association des chasseurs. La grande brousse où opère le chasseur est vaste, inhumaine et impitoyable comme l'espace, le monde politique. Le chasseur novice avant de fréquenter la brousse va à l'école des maîtres chasseurs pour les écouter, les admirer et se faire initier. Vous ne devez, Koyaga, poser aucun acte de chef d'État sans un voyage initiatique, sans vous enquérir de l'art de la périlleuse science de la dictature auprès des maîtres de l'autocratie. Il vous faut au préalable voyager. Rencontrer et écouter les maîtres de l'absolutisme et du parti unique, les plus prestigieux des chefs d'État des quatre points cardinaux de l'Afrique liberticide."
Impressionnant.

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Attrapé avec plusieurs autres lors d’une rencontre bookcrossing.

La forme du récit est en effet intéressante.
J’ai bien aimé les deux premières veillées.
La troisième m’a semblé longue et un peu répétitive.
Les suivantes m’ont parues longues et répétitives (je me répète ?).
J’ai eu le sentiment de ne plus découvrir grand chose d’intéressant.

Il y a de l’humour, en effet, dans cette œuvre.
Mais c’est une sorte de récit africain attendu, peu surprenant en dehors de la forme de sa narration.

Libéré avec plusieurs autres lors d’une rencontre bookcrossing.