Mort aux vieilles ! Meurtres à l'île d'Yeu

ATTENTION SUPER-LIVRE !
by Pascal Gache | Mystery & Thrillers | This book has not been rated.
ISBN: Global Overview for this book
Registered by wingsouramwing of Genève, Genève Switzerland on 1/15/2022
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Journal Entry 1 by wingsouramwing from Genève, Genève Switzerland on Saturday, January 15, 2022
Le bookcrossing fait (re)découvrir le monde.
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Allons, mort aux vieilles ? Si on les a acceptées si longtemps, ce n’est pas pour flancher en fin de party et les virer juste avant la soupe à l’oignon ! L’Ile d’Yeu a l’œil sur toi, bandit. Eclats de voix de vieille : - Il est quelle heure ? demanda la fille. – T’as le temps, répondit la mère. + - Quelles grosses portions, c’est pour les travailleurs de force ! (T’as l’temps et les travailleurs de force, c’étaient des propos de ma grand-mère.)

Je me souviens de la Maison 1788. Celle de la Vieille, à V. (Tiens, c’est presque comme dans certains romans du 19e siècle… Augustin était en garnison à V***, trois astérisques, Mesdames et Messieurs les typographes. Après, il voit Adolphine à la messe et la suit à distance, ou alors essaie de lu faire porter un billet par Firmin, le garçon d’écurie, etc.) Le poêle blanc crème au centre de la grande pièce salon-salle à manger n’était déjà plus en usage. Détrôné par le chauffage moderne. Gosses nous jouions autour, enfin sur trois de ses quatre côtés, grimpant même les espèces de paliers de bois qui permettaient de charger le monstre ardent. Il était possible, du temps du chauffage au poêle, de s’asseoir sur les « bancs » de bois qui le jouxtaient sur deux côtés. Histoire de se tenir chaud. Les bancs, car rien ne se perdait, pouvaient s’ouvrir, la partie où l’on s’asseyait formant couvercle, et en soulevant le couvercle on accédait à autant de compartiments de rangement. Enfants, Aya et moi ouvrions l’un des couvercles (bancs) et y puisions divers jouets, dont des palissades vert épinard en caoutchouc de quelques centimètres de haut, et des animaux sauvages en plastique. Nous clôturions alors une réserve de bêtes, incluant girafes, rhinos, antilopes et même un lion en format miniature. Les fentes du bois servaient à arrimer les clôtures. Je crois qu’un zèbre y avait droit également. L’immense bête chauffante désormais au repos – oubliée de la vie ménagère à cause du « progrès » à l’instar d’un drôle d’objet de cette maison 1788, un moulin à café devenu inutile depuis la vente de sachets de café déjà moulu en magasin – trônait incontournable près de la grande table où nous mangions de temps en temps. A six. Aya et moi les enfants donc, mère et père, et la grand-mère, la mère de mère, ainsi qu’une grande sœur de notre mère, M. Le long côté du poêle donnait sur la section table des repas. Un petit côté, sur le coin télé. La télévision se nichait dans une encoignure meublée de fauteuils profonds et d’un canapé, le tout reposant sur un tapis touffu à grosses franges jaune d’œuf et orangées qui évoquait une jungle en formation. Le téléphone noir mural se trouvait tout près. Un annuaire local trônait sur une étagère. Le 4e de couverture arborait une publicité pour un ravitailleur en mazout. À côté de la table supportant la télé dormait un présentoir à magazines chargé d’illustrés, dont L’Illustré a forcément dû faire partie. Je n’ai jamais vu personne ravitailler le poêle, puisque je suis né après les grosses modernisations des Trente Glorieuses. Je n’ai pas vu non plus quelqu’un se servir de l’espèce de relique ménagère constituée par le moulin à café que les adultes, quand j’étais alors enfant, ne « voyaient » même plus, l’ustensile ayant quitté leur radar quotidien. La Maison 1788 fut stupidement perdue à cause d’un conflit dans la fratrie maternelle portant sur l’usage de ladite demeure. M., ma tante, ne supportant plus l’idée de croiser son antagoniste, son petit frère (mon oncle) chaque jour dans l’escalier, imposa un déménagement à sa mère alors âgée de 70 ans. Soudain dépeuplée, l’antagoniste (l’assaillant) n’ayant pas les moyens de l’acquérir, ou parce qu’il ne tenait plus à y résider, du moment que la dispute avait perdu sa raison de durer, mystère, la Maison 1788 fut vendue à de parfaits étrangers entre 1978 et 1982. Début octobre 1978, peu après le déménagement précipité des deux femmes, nous allâmes les trouver dans la ville voisine de M. Je cherchai du regard des objets de la Maison 1788. J’en repérai mais à mon goût, ils avaient perdu leur personnalité et leur aura, une fois déracinés en ville. La petite armoire aux mini-tiroirs à épices, transplantée dans la cuisine moderne, donnait l’impression d’un orgue de Barbarie caché dans un gratte-ciel. Je pensai, sans aller jusqu’à le dire : « Ah, elles vivent là-dedans maintenant ! » Devenues citadines locataires d’un carton à chaussures standard et bétonné, les deux femmes, ma grand-mère et ma tante, étaient devenues grises à mes yeux. Ma grand-mère, en tout cas, ne chanta plus jamais, et ce, jusqu’à sa mort survenue dix-neuf ans plus tard le 22 janvier 1998.

Journal Entry 2 by wingsouramwing at Chemin Edouard Sarasin in Le Grand-Saconnex, Genève Switzerland on Saturday, January 15, 2022

Released 2 yrs ago (1/17/2022 UTC) at Chemin Edouard Sarasin in Le Grand-Saconnex, Genève Switzerland

WILD RELEASE NOTES:

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)

A mon âge, dit une vieille – vigousse comme Madame Conrad du temps où elle crapahutait pacifiquement entre l’Incudine, la montagne-enclume, et Zicavo, patelin qui faisait écho au nom de Michel Zévaco, le prolixe écrivain des Pardaillan - j’aurais préféré que les jeunes fussent ouvertes, surtout les filles, ah elles ont tant l’âge d’être mes petites-filles, je n’exclus pas les garçons mais… De mon temps (imaginez à quand cela remonte !) nous devions lutter pour lire les romans qui sont à présent de nouveau subversifs. Je ne veux pas me dire que j’ai lutté pour rien. Salammbô, Maurice Leblanc, Pierre Benoit, vous ne voulez pas que je les cite tous ? Que feront-ils devant un portrait de Louis XIV ? Le repeindront-ils sur le tableau même en training ? Et les petites princesses en grenouillère ? Je vais vous raconter une histoire qui figure dans Nadja d’André Breton : un peintre peignait le soleil déclinant. Les minutes passaient. Les feux du crépuscule cédant la place à la nuit obscure, et le peintre n’ayant pas fini son tableau (c’est long, de peindre) soudain l’artiste se mit à tout barbouiller de noir parce que la nuit était tombée, liquidant les lueurs crépusculaires, changeant sa peinture en quelque chose d’obscur, comme de l’encre. De la beauté, il avait fait table rase au profit d’un monde nocturne, sans même les étoiles. Blaise Pascal, bon je ne suis pas théologienne, n’a-t-il pas écrit qui veut faire l’ange fait la bête ? Vous savez qui est Madame Conrad n’est-ce pas, dites-moi… Je confirmai, je savais qu’elle avait inventorié la flore de l’Ile de Beauté au cours de sa longue vie. La situation de cette vieille amatrice de littérature constituait un avant-goût de la mienne, même si j’étais un homme. Vous savez, l’équité n’est pas qu’une vorque-housse (elle prononçait workhouse vorque-housse) à salaire unique. Bon, jeune homme – elle me traita de jeune homme, me rajeunissant massivement – nous parlions liberté littéraire et romanesque, avez-vous lu La Pierre et le Bocal de Gilles Voirin ? J’admis la vérité et ajoutai Le Rivage des adieux de Catherine Hermary-Vieille et La Châtelaine du Liban de Pierre Benoit. - Quelques phrases dites sacrées valent également si on ne croit pas, conclut-elle, comme celle-ci: Que celle ou celui qui a des oreilles entende.







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