Tous des oiseaux

by Wajdi Mouawad | Plays & Scripts | This book has not been rated.
ISBN: Global Overview for this book
Registered by wingsouramwing of Genève, Genève Switzerland on 6/19/2021
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Journal Entry 1 by wingsouramwing from Genève, Genève Switzerland on Saturday, June 19, 2021
Le bookcrossing fait (re)découvrir le monde.
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Tous et toutes des oiseaux ? Les rôles sont diversifiés. La colombe de la paix, la politique de l’autruche, le chant du cygne…

La jeune femme est devenue une retraitée, après tant d’années. Il n’aurait pas dû tuer mon canard blanc, confia-t-elle au chroniqueur. Après quoi elle se mit à chanter un air fameux, issu du folklore. Tu as tué mon canard blanc ? En fait ce n’est pas la bonne personne du verbe. La chanson dit Le fils du roi s’en vient chassant, avec son beau fusil d’argent, il a tué mon canard blanc… Enfant, à l’école, le chroniqueur apprit cette mélodie, vers 1975. V’là l’bon vent v’là l’joli vent, v’là l’bon vent ma mie m’attend. La chanson du canard blanc est autant liée au Canada qu’à la France. Guy Béart, Nana Mouskouri, Marie Laforêt l’ont interprétée. Je préfère l’interprétation de Marie Laforêt. Je vois mieux cet air porté par une voix féminine que masculine. Est-ce un cliché ? (Dans le lointain, pan, pan. On entend que la chasse au canard a repris.) De là à n’incriminer que le prince il y a de la marge à remplir de plumes blanches de canard. Le chasseur peut être n’importe qui. S’il y avait eu des chansons sur les hiboux ils feraient moins peur. Toi qui es plus jeune, sache que tu as la voix idéale pour redonner vie à la chanson du canard blanc, déclara *** (qu’importe le nom).

Après tant d’années… - Ne les compte pas, love, par pitié, soyons love et pas vicieux, me demanda-t-elle. Et donc je promis 1. Je ne calculerai pas le temps écoulé. Tu ne dénombreras pas ton peuple et tu ne détailleras pas l’ampleur de la séparation. 2. Elle est encore belle. (Anormalement chaud. Elle est légèrement vêtue et ne peut pas ignorer qu’on entrevoit en partie la femme sous le tissu. Disons que c’est son geste de retrouvailles.) – Des canards blancs en veux-tu en voilà. Même si nous n’en voulions pas eh bien ils abondent. Déséquilibre écologique ? Le prochain prince au fusil d’argent fera le job d’une battue de régulation. Trop de canards, on en flingue. Je frôle ses cheveux comme s’ils allaient se volatiliser au contact de ma main. Passer en un instant des pseudo-amours enfantines aux gestes de tendresse ne pouvait nous arriver qu’à nous. – Pensons à nous désormais, suggère-t-elle. (Coin-coin de canards blancs surexcités en arrière-fond sonore. Approche de vacanciers ? Le secteur figure dans certains guides.) Je l’enlace parce que a. J’aime ses yeux en amande, b. j’aime ses joues qui changent de couleur à tout moment, en phase pourpre on croirait qu’elle va pleurer, c. la douce pression de son corps à elle contre le mien procure un mélange de soulagement et de plaisir. Elle pleurigole tout à coup. Arc-en-ciel. Eclat de rire sous des torrents de larmes. Ce curieux rattrapage amoureux nous mène à tout vivre en même temps. (Pan. Pas un tireur quand même, en haute saison ? Ce doit être une pétarade d’auto.) Pas envie d’atermoyer. Nous le faisons sur le matelas qu’elle devait embarquer et qui gisait encore dans la pièce adjacente. La seconde main attendra. (Illusion ? Voix inconnue ? J’ai l’impression d’entendre la chanson franco-canadienne, venue du Marais Poitevin, ou de la Brenne voire de la Gaspésie, Il a tué mon canard blanc.) Heureux quoique exténués. Des images mentales se bousculent : la tonnelle de nos jeux d’enfants, les deux mères nous surveillant mollement tout en regardant un 100 idées fourmillant de suggestions allant du tricot à la couture (de quoi occuper toutes les lectrices de la ville pendant deux ans), moi me réveillant au Motel Alp de l’aérodrome d’Aoste en 197., le jardin des Pléiades… Nous n’avons plus le droit de nous reperdre de vue, lance-t-elle. (Ce qui est sage.) Deux oiseaux désireux de ne plus s’envoler chacun.e de leur côté. Minutes. Musique. Elle allume la chanson du canard blanc. Je l’ai apprise à l’école primaire, me dit-elle. Me devançant. Moi de même. Nos écoles ont eu la même idée. Ou le même programme. Si nous allions… Scène en extérieur. Terrasse. L’ombre rétrécit autour de notre table métallique rouge. Finir sa bière Amalienborg avant qu’elle se réchauffe.

Released 2 yrs ago (6/19/2021 UTC) at Quelque part dans le canton de Genève in Genève, Genève Switzerland

WILD RELEASE NOTES:

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)

Rue Tolstoï.

Le fils du roi armé de son fusil d’argent. Presque une idée de blason. D’azur au fusil d’argent. Manquent encore un chevron ou une fleur de lys, puisque le chasseur n’est autre que le fils du roi. Là ce serait plutôt aux projectiles d’être en argent. Elle me montra soudain des canards blancs. – Il y en a partout, songeai-je. Pourtant j’imagine Il a tué mon canard blanc plutôt en pays d’oïl que d’oc. En Normandie peut-être. Pas . Avec le réchauffement les canards blancs ne migrent même plus. Surabondance de restes de nourriture, hivers de moins en moins froids, leur horloge biologique ne s’alarme plus de la fin de l’été. Ou alors ces canards blancs-là ne migraient jamais, pas même au 17e siècle, époque de la chanson (qui remonte peut-être à plus loin, mais le 17e siècle, centralisation, naissance de l’absolutisme, me paraît crédible). Une affichette signale la présence d’un kiosque. J’y lis « … victime de la Bête ». On dirait que l’histoire se répète. La Bête 2.0 ? Elle et moi ne devons plus nous aventurer dans des lieux déserts. Préférer la sécurité des localités. Se faire bouffer pendant ses vacances d’été, non, jamais. Mourir d’amour pourrait se justifier. Dans une ruine templière, chacun avale son poison et c’est fini. Mais nous n’en sommes pas là. Surtout depuis que je sais que a) elle se consumait d’amour pour moi à distance et que b) j’ai déjà chamboulé sa vie. Sous les parasols retentit la bande son d’ambiance, bizarrement nous entendons Il a tué mon canard blanc, puis C’est le cor de Jeanne Lorraine, à croire que le gérant était allé à l’école avec moi. Il connaît « mes » chansons de primaire. Coïncidence. Flap-flap s’envolent des canards blancs (où ont filé les multicolores ?). Ce café est le refuge de goûts hors des modes. Pas de poster de la baie de New York ni de Miami Beach. (Une bonne nouvelle au fond.) Passent deux jeunes filles barrabanes qui discutent avec animation. Nous sourions en les suivant du regard. Comme si c’étaient nos enfants. Je lis cela en elle : aimons ces filles car elles auraient pu être les nôtres. (Quoique dans le 48, quel point commun avec nous ?) Je joue le jeu.





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