Pris dans l'espace d'échange de la Médiathèque d'Odyssud à Blagnac.

A la fin de l'avant-dernier chapitre, p. 170, Maurice Sarrazin cite Louis Jouvet, en ces termes : "Voilà, il est tard, je ne suis pas plus avancé, tout cela est confus et fumeux, comme à l'ordinaire, quand parle un comédien. J'ai trop écrit, je suis fatigué, et je n'ose même pas me relire."
Ca témoigne assez bien, en effet, de ce livre riche de ses confusions, complètement passionné... et passionnant Et même important. Bien sûr que l'auteur s'égare de temps en temps, ou plutôt qu'on a du mal à le suivre quand il aborde des domaines auxquels on ne s'intéresse pas particulièrement (dans mon cas, par exemple, le chapitre sur l'architecture des lieux de théâtre). Mais si vous êtes comédien ou metteur en scène, vous trouverez à d'autres endroits des fulgurances particulièrement indispensables sur l'exercice de l'art théâtral, vous savez, ces trucs qu'on ressent confusément jusqu'à ce que quelqu'un les mette en mots pour vous et que tout s'éclaire joyeusement pour nous montrer la suite du chemin. Pour moi, le livre a été truffé de ces moments-là, faisant suite et écho, comme par hasard, à des enseignements et des stages effectués parfois à Toulouse ou dans la région, avec des disciples de l'auteur...
Si vous êtes un spectateur et un amoureux du théâtre, vous y trouverez un état des lieux saisissant de ce qu'était le spectacle en province à la sortie de la guerre, des récits de précarité technique digne des plus obscures troupes d'amateurs d'aujourd'hui. Vous mesurerez avec étonnement le chemin parcouru. Et probablement que vous irez avec un plaisir renouvelé vers votre prochaine représentation.
En attendant, ce qu'il y a là-dedans doit impérativement circuler, et c'est pourquoi j'ai prêté pour l'instant le livre à un ami et collègue comédien, en espérant qu'il lui soit profitable.