Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l'exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes. Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l'éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka - volatisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l'armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d'une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne. Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d'IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d'écoute et d'échanges. Partout où cela s'avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez. La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d'auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif.

Remis à C-Maupin à l'occasion d'un thé-papotage très agréable.
Bonne lecture, et bon courage, car c'est un pavé !

Un livre de ma liste de souhaits ! Un auteur que j'aime beaucoup, cf la horde du contrevent et la zone du dehors.
Merci, Mélusine !

Je n’aime pas la science-fiction, j’aime les livres courts et percutants, comme ceux d’Antoine Choplin ou de Sorj Chalandon.
Et voici que vacillent toutes mes certitudes avec ce roman d’Alain Damasio. Incontestablement l’un des meilleurs livres que j’ai lus cette année, mon deuxième coup de cœur (chronologique) de l’année.

Quelle richesse dans ce livre !
• Richesse de la typographie, qui sous-tend le texte, aide à la compréhension, souligne les évènements. Bravo à l’éditeur
• Richesse de la langue qui déploie tous les niveaux de langue du français, langage soutenu, verlan, franglais…
Sans parler des jeux de mots, calembours, mots-valises, distorsions des mots, domaine où A. Damasio est passé maître.
• Richesse des émotions. Que ne trouve-t-on pas dans ce livre ? Sentiment amoureux naissant, sentiment amoureux très fort, amitié, amour paternel, maternel (et comme l’auteur en parle bien !), suspense, combats, peur, douleur, beauté (des furtifs, des femmes, des évolutions de la Céleste…), etc.
• Richesse du matériau. Une dystopie dans un proche avenir extrapolant des tendances déjà présentes (Isolement par les écrans, réalité virtuelle de plus en plus importante, omniprésence de la publicité, publicité ciblée) où, dans un monde évoquant 1984, on est victime, non d’un pouvoir totalitaire, mais des multinationales et d’un système capitaliste débridé qui fait passer la satisfaction (payante) de toutes les envies pour de la liberté.
Assaisonnée d’un zeste de fantaisie héroïque avec ces « furtifs ».
Démontage des méthodes d’extrême-droite, pour paraître à son avantage et prendre le pouvoir, utilisation de la peur, de la crainte de l’autre et de sa différence, manipulation…
Philosophie, réflexion sur la vie et le monde…

Un seul bémol : la fin est un peu longue.

Je ne partage pas toutes les thèses de l’auteur, et heureusement, je ne suis ni identique à lui, ni une éponge qui absorbe toutes ses idées, mais j’apprécie les questions qu’il pose, j’aime qu’il me secoue et m’oblige à réfléchir.

Un très grand livre que je vous recommande.

Commentaires de Gérard :
Pas beaucoup de choses à ajouter à cet enthousiasme pratiquement partagé, sinon quelques légers bémols :
même si l'histoire n'a rien à voir avec "la horde du contrevent", "les furtifs" en reproduit de façon très proche les mécanismes narratifs (styles linguistiques, typographie, mise en page…) avec une excellente maîtrise, certes, mais qui fait un peu copie et donc, moins original d'une part et qui, d'autre part, ne sont pas toujours clairement interprétables (signes diacritiques inusuels, contrepèteries internes…).
Quant aux arguments politiques, parfois longuement développés, ils rappellent quelque peu "la zone du dehors" ; de plus, la fin devient excessivement orientée vers l’idéologie d’extrême-gauche et anarchiste peu subtile et fait perdre un peu de son intérêt à cette dystopie dont les idées restent très originales et qui relève d'un travail colossal.

Il va partir en ring :
1. Mycena
2. Le mari de Mycena
3. Souram
4. Mélusine170<= il est là
5. Indy2012
6. PhVI
7. Viv-Vivenef
...
Kundri
Retour chez moi

Le fil de discussion où l'on s'inscrit

Départ du ring

Je n'ai pas accroché.

De retour chez moi, Mycéna et son mari ne l'ont pas trop apprécié. Espérons que les autres inscrits ne seront pas trop déçus.
Il partira dans la semaine vers Souram

En route vers Souram, en tarif "livres et brochures", espérons qu'il ne traînera pas trop

Bref aller-retour chez moi. Et je trouve deux envois dans ma boîte à lettres, dont celui-ci. Une chance que les manutentionnaires aient "réemballé" le livre: il m'est parvenu dans un emballage plastifié avec un message selon lequel l'envoi avait été endommagé en cours de transport. (En effet, l'enveloppe, je ne sais comment ils ont réussi à la déchirer; au travail, nous recevons de même des envois réemballés après des incidents mécaniques postaux.)
Mais l'emballage de secours a sauvé la situation.
Merci, C-Maupin, je vais éviter de faire traîner ce livre, pour qu'il voyage sans longues interruptions de parcours. Et je te souhaite de belles fêtes de fin d'année.

Commencé à le lire hier soir. Lorca réussit un examen en attrapant l'un de ces "furtifs", une sorte d'animal invisible mais qu'on peut piéger. Je reviendrai sur l'intrigue plus tard.

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)

Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
N'ayez pas d'hésitation: donnez votre avis, ou racontez votre découverte, cela nous plaît de savoir ce que deviennent les livres "libérés" ainsi.


Le ring se poursuit.

Merci Souram, " les furtifs " sont bien arrivés chez moi. Je finis une petite bluette et j'attaque ce pavé !

Je suis tout à fait d'accord avec ton commentaire, C-Maupin. J'ai beaucoup aimé ce livre même s'il m'a paru incompréhensible au début. J'ai tenu bon... Il m'a fallu les 200 premières pages pour comprendre les vocabulaires des uns et des autres, la ponctuation, la typographie, etc.. mais après, j'ai trouvé une très belle histoire, j'ai adoré ces petits furtifs et été touchée par la belle histoire entre des parents et leur enfant.

Pour le moment, ce livre reste chez moi, confiné, comme les petits furtifs que l'on ne peut ni voir, ni toucher... ils sont si fragiles.

Furtivement, ce livre est sorti d'un recoin de ma maison pour se cacher chez Indy !
Bonne route et bonne lecture !

Voilà un pavé qui m'arrive, que je vais commencer dans la foulée. J'ai beaucoup aimé la Horde du Contrevent du même auteur, on verra ce qu'il en est de celui-ci.

Extraordinaire. Légèrement moins surprenant que ma première rencontre avec Alain Damasio, car le style est caractéristique.
Mais alors, quelle puissance dans ce récit, quelle créativité époustouflante, quel génie linguistique ! Les assonances, les allitérations, les mots-valises, le jeu des ponctuations, des signes diacritiques, les néologismes, les niveaux de langues plongent le lecteur dans un univers qui l'immerge totalement. Et quel univers ! Nous sommes en 2035, une intelligence artificielle guide le moindre de nos pas et anticipe le moindre de nos désirs, pire que le grand frère de Big Brother, car évidemment la technologie dépasse tout ce qui était imaginable en 1984. L'omnipotence politique, économique, commerciale fait froid dans le dos tant elle est plausible. Avec un clin d’œil à Tolkien : "Un anneau pour les gouverner tous" !
Heureusement il y a les furtifs, ces êtres de résistance : ils ne sont ni visibles, ni vus, ni à voir, et grâce à eux il devient possible de réfléchir à une nouvelle humanité, libérée des connexions imposées pour retrouver les connexions humaines et naturelles. Le discours politique et les nouvelles expériences de communauté ont un côté d'idéal utopique qui fait penser à la fois au début des grandes espérances communistes ou anarchistes et aux mouvements alternatifs naissants, comme un souffle d'air bienvenu en contrepoids de la dictature capitaliste.
Même si par moments j'ai ressenti quelques longueurs, je l'ai savouré mot après mot, phrase après phrase. J'ai adoré, et classe sans hésiter ce pavé phénoménal dans mes coups de cœur. Un grand merci pour le partage.

Un pavé extraordinaire qui s'en va réjouir le lecteur suivant.

Bien arrivé après un détour furtif à souhait un peu plus loin dans la rue...

Alors déjà, j'ai commencé ce livre cet été après avoir terminé la lecture de "The grapes of wrath" et rien qu'au niveau de la qualité de prose, la baisse de niveau m'a paru un peu dure à encaisser. Mais passons, j'ai persévéré dans la découverte de ce que la critique a vendu comme un certain travail sur langue, les sonorités, et même la typographie, censé rehausser le récit, le plaisir de lecture, et que sais-je encore. Sauf qu'à moi, tout cela me laisse plutôt de marbre, puis finit par m'agacer. Le procédé me semble d'une grande balourdise, les paragraphes se succèdent et on a de plus en plus l'impression qu'ils sont plus là pour témoigner d'une méthode d'écriture que pour faire avancer une histoire par ailleurs totalement quelconque. Bref, l'auteur fait fausse route, se perd dans sa méthode, oublie complètement son but. C'est beaucoup trop écrit avec la tête, et pas beaucoup avec le cœur, et ça m'embête de perdre du temps avec ce genre de produit.
J'arrête donc au bout de cent et quelques pages, j'envoie à la personne suivante du ring, et quant à Damasio, je vais plutôt me pencher sur ses livres plus anciens, dont je pressens qu'il sont moins boursouflés que celui-ci.

Ffffuitt... Ils ont disparu de mes étagères.

Bien arrivé! Merci
Un ring très attendu mais qui pour l'instant m'effraie un peu

Demain j'embarque le livre pour notre périple en camping car qui devrait nous permettre de BATIFOLER, un avant goût des jours meilleurs
Pour cause de couvre feu à 18 h, je prévois de longues plages de lecture...