Que se passe-t-il. Pourquoi baisse-t-il à ce point.

Jusqu'il y a encore quatre ans, chaque nouveau Djian amenait une joie profonde, un bonheur intérieur, quelques heures assurées de plaisir et d'excitations.

Depuis 2017, trois déceptions consécutives : Marlène, À l'aube, et ce dernier.

L'histoire : dans le décor désormais familier d'un lotissement cossu au bord de la mer, on suit le destin heurté de cinq ou six personnages :
Diana a perdu son mari récemment, dans un obscur fait divers ; elle s'en remet difficilement. Marc, le frère du mari, la soutient. Il habite avec elle -chambre à part (elle sort plus ou moins avec Serge, le fils du maire).
Un matin, levé tôt et remontant la plage, Marc bute sur des sachets de drogue échoués. Il les refourgue à Joël, le frère aîné de Diana avec qui elle est salement brouillée.
Bien vite, les propriétaires des sachets vont se manifester.
Le temps se gâte.

Le style : même narration distanciée, sans affect, froide et formelle. Même ponctuation "innovante" : les points d'interrogation ont quasiment disparu, seul compte le son propre de la phrase. Exemple : "Qu'est-ce que tu me veux." Mais on ne trouve plus les envolées, les phrases exaltantes, les trouvailles, qui faisaient sa patte voici dix ans.

Les idées : c'est ce qui manque le plus. On est loin des grandes heures, où Djian nous plongeait dans des situations imprévisibles, des retournements comme dans Doggy Bag, des surprises et des élans venus de nulle part, qui fondaient sur le lecteur comme un aigle sur un lapin. C'est désormais plus convenu, plus blasé, ou lassé. Plus flegmatique. On sent presqu'une routine : "Bon, puisque vous voulez une nouvelle histoire, tenez j'ai celle-là".
Celle-là est tiède.

Gallimard 2019, 160 p.
Offert Ant.