Ramses - La bataille de Kadesh
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Un livre, une découverte.
Vers 1200 avant J.-C., en Syrie. L'armée du roi Ramsès II et un contingent hittite s'affrontent à Kadesh. Les Hittites formèrent un royaume de culture indoeuropéenne en Asie Mineure. Si la bataille elle-même, au début défavorable à Ramsès II qui manqua de peu d'être capturé, se solda par un match nul, sur le très long terme, les Hittites n'acquirent jamais la notoriété de l'Egypte pharaonique auprès du public. En effet, l'empire hittite a duré nettement moins longtemps que le système pharaonique et légué nettement moins de témoignages archéologiques, Hatti ne pouvait faire le poids face au Pays du Nil.
En revanche, un récit hittite de la Naissance des dieux a "migré" vers l'ouest et "survécu" dans la Théogonie d'Hésiode.
Vers 1200 avant J.-C., en Syrie. L'armée du roi Ramsès II et un contingent hittite s'affrontent à Kadesh. Les Hittites formèrent un royaume de culture indoeuropéenne en Asie Mineure. Si la bataille elle-même, au début défavorable à Ramsès II qui manqua de peu d'être capturé, se solda par un match nul, sur le très long terme, les Hittites n'acquirent jamais la notoriété de l'Egypte pharaonique auprès du public. En effet, l'empire hittite a duré nettement moins longtemps que le système pharaonique et légué nettement moins de témoignages archéologiques, Hatti ne pouvait faire le poids face au Pays du Nil.
En revanche, un récit hittite de la Naissance des dieux a "migré" vers l'ouest et "survécu" dans la Théogonie d'Hésiode.
Journal Entry 2 by souram at Chemin des Mollies in Bellevue, Genève Switzerland on Saturday, January 12, 2019
Released 5 yrs ago (1/14/2019 UTC) at Chemin des Mollies in Bellevue, Genève Switzerland
WILD RELEASE NOTES:
Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)
Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
N'ayez pas d'hésitation: donnez votre avis, ou racontez votre découverte, cela nous plaît de savoir ce que deviennent les livres "libérés" ainsi.
Le brouillard plane sur le pays. Les autels des dieux sont à l’abandon. Des sources se tarissent. Les pâturages présentent un aspect jauni à cause d’une sécheresse anormalement longue. Les enclos à moutons résonnent de bêlements déchirants d’animaux amaigris. Aucun couple humain ne paraît plus en mesure d’avoir un enfant, les femmes ne tombent plus enceintes. Le niveau des rivières est bien bas. Certains ruisseaux ne contiennent même pas d’eau, réduits à des fossés caillouteux. Meurent maints chevaux qui tenaient à peine sur leurs jambes. Les montagnes semblent elles-mêmes arides. Des enfants crèvent de faim et de soif. De plus en plus d’adultes succombent à leur tour à travers la contrée. Il a cessé de pleuvoir depuis si longtemps que de mémoire de paysan, de roi ou de prêtre, on n’a jamais vécu quelque chose de semblable. Chacun s’interroge. L’origine de ces catastrophes a l’air nimbée de mystère. Qu’arrive-t-il au vieux pays ?
- Quelle explication apporter aux événements ? demanda le crieur public au coordinateur des messagers de la Région Capitale.
Les crieurs publics s’occupaient de la diffusion des nouvelles dans le royaume. Mais en ces dramatiques journées, ils ne parvenaient qu’à répéter, jusqu’à ce que les gens leur jetassent des graviers pour les faire fuir, la sempiternelle description de la situation. « Le brouillard plane sur le pays. Les autels des dieux… », leurs discours commençaient toujours par cette même rengaine qui agaçait de plus en plus.
- Si au moins quelqu’un avait une vision, un rêve envoyé par les dieux ! ajouta le supérieur du crieur.
Il ne croyait pas si bien dire.
Dans l’après-midi, un messager du Palais se précipita dans la Maison des Crieurs. Une femme avait rêvé une explication à cette cruelle incertitude. La sécheresse, la mort des moutons, tout cela découlait du départ de l’un des mille dieux ! Le dieu Télipinou s’était enfui sans laisser de trace !
- Un dieu qui fuit, il ne manquait plus que ça, grogna Hima, le chef des crieurs officiels.
En quittant tout à coup le séjour divin, Télipinou avait emporté tout ce qui permettait la fécondité, la prospérité du pays. Il avait provoqué l’arrêt de la pluie, comme si une vanne avait stoppé l’écoulement dans le ciel.
- Les mille dieux ont commencé les recherches… compléta l’envoyé palatial. Mais cela va demander du temps…
En effet, les mille dieux fouillèrent partout. Jusqu’aux culs-de-sac et aux bras morts de certaines rivières. Ils déléguèrent même une abeille à cette fin. Des rires retentirent, parce qu’imaginer une abeille minuscule dénichant un dieu parti dans la clandestinité, là… Mais contre les préjugés, l’hyménoptère retrouva Télipinou qui dormait dans la steppe, caché au pied d’un monticule, habillé en clochard.
L’abeille, appelée on ne sait comment, Maïa, peut-être, déclara alors, d’une voix vibrante :
- Télipinou…
L’hiver était mordant là-haut sur les plateaux, mais l’été eût constitué la pire saison de fouilles, sous un soleil de plomb. Aussi l’équipe du Musée avait-elle opté pour des excavations hors des mois les plus chauds. Elle exhuma un certain nombre de tablettes en argile remplies de caractères cunéiformes qu’au moins, on saurait lire. Pas comme l’énervant méroïtique jusqu’ici indéchiffrable.
Il résulta des fouilles que l’on avait récupéré une histoire de dieu fugitif. Télipinou, puisque tel était son nom, quittait subitement le séjour divin et alors stérilité et sécheresse frappaient le royaume hittite. Les mille dieux – le panthéon hittite était très peuplé ! – entreprenaient des recherches. Une abeille réussissait là où les dieux avaient échoué, et retrouvait Télipinou. Ensuite, il manquait des morceaux entiers de l’histoire. Des pillards s’étaient servis depuis trois mille ans ! Plus loin dans le mythe, il était question d’un prêtre qui accomplissait divers rites pour apaiser le dieu.
- Voici une figue, déclara le prêtre. De même qu’une figue est douce, Télipinou, daigne t’adoucir.
Il ne se fourvoyait pas, le ritualiste. Des cageots entiers de figues turques n’allaient pas démentir son approche. Des employés chargeaient ces cageots dans des camions à plaques turques, où se lisait le numéro de la province, comme naguère en France.
Le prêtre, ensuite, ordonna qu’on menât des moutons parmi des aubépines. Des touffes de laine s’accrochèrent aux arbustes, retenant ainsi l’ire du dieu. Des poils de béliers appartenant à un temple du Soleil furent jetés sur le corps de Télipinu, et aussitôt ils s’enflammèrent et se consumèrent instantanément. En s’éteignant, le feu apaisa également la fureur du dieu. Le prêtre ajouta alors que la colère de Télipinou devait quitter non seulement le corps du dieu – « Sors de ce corps » lâcha-t-il – mais également s’exiler du monde des humains. Faute de quoi la violence magique risquait de tout compromettre et de jeter le chaos dans le pays. Aussi prit-on la décision d’enfermer la colère de Télipinou dans de lourds vases d’airain. Ceux-ci furent cachés dans un site d’enfouissement de déchets divins que l’on croyait stable. Parce que si un séisme faisait tomber les vases… Personne ne savait ce qui se passerait. Au moins les vases en bronze ne se casseraient pas. Des poteries auraient été moins fiables à long terme.
La prospérité revint ensuite dans le royaume hittite. La pluie se remit à tomber, l’herbe et les feuillus à verdir. L’alerte avait été chaude.
Bien plus tard, un roi régna sous le nom de Télipinou, espérant peut-être rendre le pays plus fécond (et donner un sens nouveau à sa polygamie) et incarner la prospérité. L’un de ses collègues, d’ailleurs, hittite comme lui, apprit que les Egyptiens déplaçaient des troupes vers le nord, en direction du bourg de Kadesh.
- Envoyez des éclaireurs… ordonna-t-il.
Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
N'ayez pas d'hésitation: donnez votre avis, ou racontez votre découverte, cela nous plaît de savoir ce que deviennent les livres "libérés" ainsi.
Le brouillard plane sur le pays. Les autels des dieux sont à l’abandon. Des sources se tarissent. Les pâturages présentent un aspect jauni à cause d’une sécheresse anormalement longue. Les enclos à moutons résonnent de bêlements déchirants d’animaux amaigris. Aucun couple humain ne paraît plus en mesure d’avoir un enfant, les femmes ne tombent plus enceintes. Le niveau des rivières est bien bas. Certains ruisseaux ne contiennent même pas d’eau, réduits à des fossés caillouteux. Meurent maints chevaux qui tenaient à peine sur leurs jambes. Les montagnes semblent elles-mêmes arides. Des enfants crèvent de faim et de soif. De plus en plus d’adultes succombent à leur tour à travers la contrée. Il a cessé de pleuvoir depuis si longtemps que de mémoire de paysan, de roi ou de prêtre, on n’a jamais vécu quelque chose de semblable. Chacun s’interroge. L’origine de ces catastrophes a l’air nimbée de mystère. Qu’arrive-t-il au vieux pays ?
- Quelle explication apporter aux événements ? demanda le crieur public au coordinateur des messagers de la Région Capitale.
Les crieurs publics s’occupaient de la diffusion des nouvelles dans le royaume. Mais en ces dramatiques journées, ils ne parvenaient qu’à répéter, jusqu’à ce que les gens leur jetassent des graviers pour les faire fuir, la sempiternelle description de la situation. « Le brouillard plane sur le pays. Les autels des dieux… », leurs discours commençaient toujours par cette même rengaine qui agaçait de plus en plus.
- Si au moins quelqu’un avait une vision, un rêve envoyé par les dieux ! ajouta le supérieur du crieur.
Il ne croyait pas si bien dire.
Dans l’après-midi, un messager du Palais se précipita dans la Maison des Crieurs. Une femme avait rêvé une explication à cette cruelle incertitude. La sécheresse, la mort des moutons, tout cela découlait du départ de l’un des mille dieux ! Le dieu Télipinou s’était enfui sans laisser de trace !
- Un dieu qui fuit, il ne manquait plus que ça, grogna Hima, le chef des crieurs officiels.
En quittant tout à coup le séjour divin, Télipinou avait emporté tout ce qui permettait la fécondité, la prospérité du pays. Il avait provoqué l’arrêt de la pluie, comme si une vanne avait stoppé l’écoulement dans le ciel.
- Les mille dieux ont commencé les recherches… compléta l’envoyé palatial. Mais cela va demander du temps…
En effet, les mille dieux fouillèrent partout. Jusqu’aux culs-de-sac et aux bras morts de certaines rivières. Ils déléguèrent même une abeille à cette fin. Des rires retentirent, parce qu’imaginer une abeille minuscule dénichant un dieu parti dans la clandestinité, là… Mais contre les préjugés, l’hyménoptère retrouva Télipinou qui dormait dans la steppe, caché au pied d’un monticule, habillé en clochard.
L’abeille, appelée on ne sait comment, Maïa, peut-être, déclara alors, d’une voix vibrante :
- Télipinou…
L’hiver était mordant là-haut sur les plateaux, mais l’été eût constitué la pire saison de fouilles, sous un soleil de plomb. Aussi l’équipe du Musée avait-elle opté pour des excavations hors des mois les plus chauds. Elle exhuma un certain nombre de tablettes en argile remplies de caractères cunéiformes qu’au moins, on saurait lire. Pas comme l’énervant méroïtique jusqu’ici indéchiffrable.
Il résulta des fouilles que l’on avait récupéré une histoire de dieu fugitif. Télipinou, puisque tel était son nom, quittait subitement le séjour divin et alors stérilité et sécheresse frappaient le royaume hittite. Les mille dieux – le panthéon hittite était très peuplé ! – entreprenaient des recherches. Une abeille réussissait là où les dieux avaient échoué, et retrouvait Télipinou. Ensuite, il manquait des morceaux entiers de l’histoire. Des pillards s’étaient servis depuis trois mille ans ! Plus loin dans le mythe, il était question d’un prêtre qui accomplissait divers rites pour apaiser le dieu.
- Voici une figue, déclara le prêtre. De même qu’une figue est douce, Télipinou, daigne t’adoucir.
Il ne se fourvoyait pas, le ritualiste. Des cageots entiers de figues turques n’allaient pas démentir son approche. Des employés chargeaient ces cageots dans des camions à plaques turques, où se lisait le numéro de la province, comme naguère en France.
Le prêtre, ensuite, ordonna qu’on menât des moutons parmi des aubépines. Des touffes de laine s’accrochèrent aux arbustes, retenant ainsi l’ire du dieu. Des poils de béliers appartenant à un temple du Soleil furent jetés sur le corps de Télipinu, et aussitôt ils s’enflammèrent et se consumèrent instantanément. En s’éteignant, le feu apaisa également la fureur du dieu. Le prêtre ajouta alors que la colère de Télipinou devait quitter non seulement le corps du dieu – « Sors de ce corps » lâcha-t-il – mais également s’exiler du monde des humains. Faute de quoi la violence magique risquait de tout compromettre et de jeter le chaos dans le pays. Aussi prit-on la décision d’enfermer la colère de Télipinou dans de lourds vases d’airain. Ceux-ci furent cachés dans un site d’enfouissement de déchets divins que l’on croyait stable. Parce que si un séisme faisait tomber les vases… Personne ne savait ce qui se passerait. Au moins les vases en bronze ne se casseraient pas. Des poteries auraient été moins fiables à long terme.
La prospérité revint ensuite dans le royaume hittite. La pluie se remit à tomber, l’herbe et les feuillus à verdir. L’alerte avait été chaude.
Bien plus tard, un roi régna sous le nom de Télipinou, espérant peut-être rendre le pays plus fécond (et donner un sens nouveau à sa polygamie) et incarner la prospérité. L’un de ses collègues, d’ailleurs, hittite comme lui, apprit que les Egyptiens déplaçaient des troupes vers le nord, en direction du bourg de Kadesh.
- Envoyez des éclaireurs… ordonna-t-il.