Les âmes grises

by Philippe Claudel | Literature & Fiction |
ISBN: 2253109088 Global Overview for this book
Registered by améthyste of Rémelfing, Lorraine France on 9/7/2017
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Journal Entry 1 by améthyste from Rémelfing, Lorraine France on Thursday, September 7, 2017
4ème de couverture :
" Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s'effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé. " C'est peut-être enfin la paix... hasarda Grosspeil. -La paix mon os ! " lui lança son collègue qui rabattit la .aine trempée sur le corps de la fillette. "

Journal Entry 2 by améthyste at Rémelfing, Lorraine France on Monday, September 21, 2020
Ce n'est pas très gai comme histoire, certes, mais d'une, c'est formidablement écrit et de deux, je pense que c'est ainsi que cela se passait dans les années de la première guerre mondiale. On dit, on dit pas, on protège les gens "haut placé" et on fusille le pauvre. C'est étrange comme l'auteur anonymise les lieux, les noms des villes et villages.

p.43
On dit souvent que l'on craint ce que l'on ne connaît pas. Je crois plutôt que la peur naît quand on apprend un jour ce que la veille on ignorait encore.

p.45
La mort brutale prend les belles choses, mais les garde en l'état. C'est là sa vraie grandeur. On ne peut pas lutter contre.

p.49/50
La guerre n'a pas seulement fait des morts à la pelle, elle a aussi coupé en deux le monde et nos souvenirs, comme si tout ce qui avait eu lieu avant tenait dans un paradis, au fond d'une vieille poche dans laquelle on n'oserait plus jamais relettre la main.

p.76/77
Ça, c'est la grande connerie des hommes, on se dit toujours qu'on a le temps, qu'on pourra faire cela le lendemain, trois jours plus tard, l'an prochain, deux heures après. Et puis tout meurt. On se retrouve à suivre des cercueils, ce qui n'est pas aisé pour la conversation.

p.135
Au début, après les premiers combats, ça nous avait fait tout drôle de voir arriver ces gars qui avaient notre âge et qui revenaient le visage redessiné par les éclats d'obus, le corps haché par la mitraille. Nous, on était bien au chaud, tranquilles, à mener nos vies étroites.
Bien sûr, la guerre, on l'entendait. On l'avait vue annoncée sur les placards de mobilisation. On la lisait dans les journaux. Mais au fond, on feintait, on s'arrangeait avec elle, comme on fait avec les mauvais rêves et les âcres souvenirs. Elle n'était pas trop de notre monde. C'était du cinématographe.

p.169
C'est curieux, la vie. Ça ne prévient pas. Tout s'y mélange sans qu'on puisse y faire le tri et les moments de sang succèdent aux moments de grâce, comme ça. On dirait que l'homme est un de ces petits cailloux posés sur les routes, qui reste des jours entiers à la même place, et que le coup de pied d'un trimardeur parfois bouscule et lance dans les airs, sans raison. Et qu'est-ce que peut un caillou ?

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