L'incroyable aventure que voilà, à la portée de toutes & tous.
Longue vie au bookcrossing :)
Débusquez la part de fantastique qui se cache dans la vie quotidienne ! Osez la découverte.

Catégorie: Vialatte. A peine une blague, on devrait créer la catégorie Vialatte.

A Nîmes, des livres d'occasion étaient en vente sur l'avenue qui relie la gare à la fontaine Pradier, mais lors du MBC de Nîmes, je n'ai pas acheté de livre aux puces. La situation a été quelque peu différente lors du MBC de La Rochelle: c'est en effet à La Rochelle que j'ai approché un petit marché aux puces près de la Grande Roue et de la supérette City (place du Commandant de La Motte Rouge). J'ai regardé par curiosité des livres de poche de deuxième ou troisième ou énième main. Et j'ai repéré non pas un, mais deux livres d'Alexandre Vialatte ! Je n'allais quand même pas partir en les plantant là !
Pas des livres de Vialatte :)
Il était environ dix heures et des poussières sur la petite place en question.

"Les secrets de l'Univers datent de la plus haute Antiquité". La pince à épiler également, selon toute vraisemblance: elle devait exister en Egypte ancienne.

Je continue d'aimer lire Alexandre Vialatte, un auteur que j'ai découvert je ne sais plus très bien dans quelles circonstances, mais le pli est pris, comme disent les géologues et les drapiers. Après Le Cri du canard bleu, Les Fruits du Congo notamment, j'avance dans la lecture de ce qui forme un recueil de chroniques parues à l'origine séparément. Il allume les mots qui ainsi jettent des étincelles.
A un moment, A.V. parle des taureaux mythiques et des têtes sculptées précolombiennes de La Venta (Amérique centrale). Entre (beaucoup d')autres bien entendu. Mais résumer des chroniques d'Alexandre Vialatte, je ne crois pas que ce soit faisable. On lit, on relit, on s'étonne, on peut même (sou)rire, consommer ce mélange d'humour, de piment, de raillerie, de désenchantement partiel face à l'emballement du monde moderne.

Extraits ? Vialatte aime évoquer les pharmaciens*. On se figurera donc (une proposition) un pot en sèvres ou en saxe (selon son affinité géographique) dans une apothicairerie portant la mention EXTRACT. ALEX. VIAL. Extractus Alexandri Vialattensis. Comme au Musée d'Angers.
p.88: mention du "lac de Genève", "lac de Genève trituré par la brise du soir"...
p.140: un vieux Toulousain qui racontait "sa fabuleuse enfance" à A.V. lui parle en ces termes: "Les gens s'asseyaient sur les trottoirs, les soirs de juin, pour écouter le grillon qu'ils avaient mis dans une petite cage au-dessus de leur porte."
p.158: "L'homme a grand besoin du serpent de mer et de l'éléphant. L'homme ne saurait se passer des monstres. Où placerait-il, sans l'homme-sans-tête, sur les atlas, le vrai pays des hommes-sans-tête ?" Autrefois, on croyait que les Blemmyes étaient les hommes sans tête, les acéphales d'Afrique, qui avaient les yeux sur le ventre (et donc pas de tête). En 266, des Blemmyes (Nubiens***) ont soudain attaqué l'Egypte romaine et semé ainsi la pagaille jusqu'à ce que les légions de l'empereur Probus** interviennent. La peur a suscité ces légendes. Enfin, on se l'imagine à la lumière de ces razzias des Blemmyes.

*la pharmacie mène à tout, surtout quand on se rappelle Alphonse Allais
**Alexandre Vialatte parle de l'empereur Probus, p. 174.
***La Nubie, en ancien égyptien nwb, pays de l'or, a échappé à la conquête romaine mais pas à Amelia Peabody. J'en parle dans mes notes optionnelles rattachées au roman Le Secret d'Amon-Râ d'Elizabeth Peters, accessibles e.a. par l'entremise de Balbala de Waberi. La Nubie, sous la 18e dynastie pharaonique (je n'aime pas me servir de chiffres romains), se subdivisait en Ouaouat (nord) et Koush (sud).

Vialatte commente une certaine usure du monde, n'aime guère l'O.N.U. qu'il associe à une perte de la musique et du cérémonial, de telles érosions étant propices à la violence, selon lui. Ailleurs, A.V. ironise sur un prof qui lui vantait les vertus des Romains antiques sans que cet éloge de la virtus ait un réel impact sur le comportement des élèves, souligne l'enfant frivole devenu adulte.
Sans fournir d'exemples, A.V. estime qu'on ne parle plus très bien, qu'on n'écrit plus aussi bien la langue française qu'avant. Il croit qu'être "imprégné" d'un savoir ne suffit pas, qu'il faut apprendre les choses, les assimiler, et ne pas se limiter à cette imprégnation.
De là à déclarer que Vialatte déplore seulement...
Non.
Ce serait le lire de travers (et pourquoi oser cela ?).

Bref, Vialatte cite Robert Benchley qui indique Comment devenir fou rien qu'en examinant les mots "scrutin" et "étoupe". Alors, mieux vaut ne pas trop songer à certaines choses, ne pas trop analyser sinon on ne peut plus très bien vivre et on y laisse sa santé mentale, avertit Vialatte. Posséder un savoir, c'est bien, mais être possédé par lui, là, rien ne va plus. On se rappelle Nigel Barley en Indonésie lorsqu'il croise un "prof rendu fou par son instruction"... La part la plus importante de la chaleur d'un corps humain fuit par la tête (j'ai lu cela dans une dépêche d'agence de presse).

Sinon ? L'humour. La dérision mais l'expérience de la lecture n'est jamais très loin. Hugo, Chateaubriand, Tristan et Iseut, Shakespeare, Alphonse Allais, Romain Gary, Jean de Brunhoff et son pachyderme humanisé Babar, entre autres. Et également Fantomas. Pierre Loti, Pierre Benoit.

Le pays arverne. L'Auvergne. Henri Pourrat, le typo a écrit Paurrat, aïe ! Mais Pourrat, c'est de lui qu'il s'agit. L'Auvergnat entre à diverses reprises en scène.

Résumer cette mosaïque de chroniques me semble illusoire. A lire. A relire. Et c'est ainsi que l'enfant frivole est grand.

Un livre acheté d'occasion sur un petit marché de La Rochelle se remet à voyager.

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)

Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
N'ayez pas d'hésitation: donnez votre avis, ou racontez votre découverte, cela nous plaît de savoir ce que deviennent les livres "libérés" ainsi.


Tout bouge, continents (Alfred Wegener n'arriva guère à le faire admettre de son vivant) livres...

Vialatte observe le monde, l'Homme, la vie, la mort et nous fait part de ses réflexions sur ces sujets. C'est drôle, profond, efficace.
D'une grande érudition et dans une langue merveilleuse, un grand moment

Un régal de culture. Je t'en souhaite une bonne lecture.

"Antiquité du grand chosier" a fait un voyage Suisse-France et retour, passant de Souram à Mevamwi puis en arrivant à Lausanne !
Reçu dans une enveloppe dont la languette est décollée mais heureusement la carte du golfe du Morbihan est là ainsi qu'une surprise au beurre naturel de karité.
Merci pour ton envoi :-)
En prime la première phrase que je lis: Il y règne étrangement une odeur de chaussettes, ou alors d'absence de chaussettes.
Je ne sais pas encore de quoi il est question mais cette touche d'humour me plait.

Ce livre lu au hasard des pages ouvertes, a fait une étape appréciée chez moi.
Je vous le confie, son voyage continue entre vos mains.
Bonne lecture !