La puce à l'oreille

Registered by wingsouramwing of Genève, Genève Switzerland on 5/8/2007
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Journal Entry 1 by wingsouramwing from Genève, Genève Switzerland on Tuesday, May 8, 2007
Aujourd'hui, vendredi 30 mars 2012, je viens d'apprendre le décès de Claude Duneton survenu le 21 mars 2012, à 77 ans.

Dans "La Puce à l'oreille", le linguiste et écrivain français Claude Duneton passe en revue un certain nombre d'expressions populaires et en retrace l'origine. Du moins quand c'est possible, car on ne sait pas toujours d'où provient telle ou telle tournure imagée, comme le montre l'auteur en préambule, en abordant l'expression "à tire-larigot" dans un intéressant et vivifiant prologue.
-- (IMAGE: cloches de la cathédrale de Rouen, Notre-Dame, associées au 19ème siècle à l'expression à tire-larigot) --
L'occasion d'explorer l'histoire de la langue française. Pourquoi dit-on qu'on "reprend du poil de la bête" lorsqu'on va mieux ? Et "prendre son pied", d'où est-ce que ça vient ? P. 172 tout un chapitre très instructif sur "poser un lapin": cette tournure a peut-être un lien avec le fait de convoyer en diligence des voyageurs qui, pour une raison ou pour une autre, ne payaient pas, et que l'on surnommait "lapins". Ou alors... (la suite dans le bouquin). A propos de diligences, les "classes" des wagons de chemin de fer dérivent des prix des places dans les diligences; et ce qu'on ne sait en général pas, sauf si on se passionne d'histoire de la locomotion terrestre (joli titre d'un livre suisse des éditions Rencontre, "Histoire de la locomotion terrestre", malheureusement je ne l'ai plus depuis des lustres), c'est que le "ferroutage" date des débuts du chemin de fer, au XIXe siècle, et non du XXe siècle. Du moins sous sa forme primitive. En résumé, vers 1830, voyager en train, quand on était riche, au début de ce moyen de transport, c'était assez mal vu. Ou en tout cas on ne s'en vantait pas - cela se passait avant les belles affiches publicitaires de Deauville, du PLM et tutti quanti, avant l'Orient-Express. De sorte qu'à l'aube de l'aventure ferroviaire, les gens aisés montaient dans des sortes de carrosses, des voitures à chevaux à 2 ou 4 roues, et se rendaient à "la gare" qui n'avait peut-être pas reçu ce nom encore. Là, ce beau linge descendait de voiture et les habitacles étaient hissés sur des wagons (les châssis et roues demeurant au sol). Ensuite les passagers montaient dans la partie de la voiture ainsi arrimée au wagon et "continuaient en train" leur itinéraire en "carrosse". Ni vu ni connu, ils n'étaient pas officiellement partis en train mais "devenaient" des voyageurs ferroviaires une fois le "haut" du carrosse hissé sur les wagons. En italien, wagon peut se traduire par "carrozza". Bref, ces délicats voyageurs "donnaient le change", pour utiliser une expression présente dans "La Puce à l'oreille". P.157, les chevaux, en attendant le retour des voyageurs pionniers sans le savoir du transfert modal, durent "ronger leur frein" (encore une expression abordée par Duneton). Et duranr mes deux dernières années de scolarité obligatoire, je ne menais pas "une vie de bâton de chaise", j'ai suivi les cours d'une enseignante qui nous a familiarisés avec quelque 150 expressions françaises: "être collet monté", "tourner casaque", "damer le pion", des expressions que j'ai retrouvées chez Claude Duneton comme on revoit de vieilles connaissances par hasard en vacances. Et la vie de bâton de chaise ne vient pas des élèves qui se balancent sur leur chaise ou tirent leur chaise par le dossier, mais des bâtons servant à convoyer les chaises à porteurs (dans Benny Hill, on voit çà et là une chaise à porteurs de la police équipée d'une lanterne-gyrophare). La première édition de "La Puce à l'oreille" remonte à 1978 (éditions Stock). J'ai appris "mes" 150 expressions en 1979-1981 près de Genève mais je possède "La Puce à l'oreille" depuis 1986 seulement.
Claude Duneton est souvent drôle. Il n'a pas écrit qu'un dico mais un récit à part entière. De sorte qu'on peut aborder son livre "de but en blanc". Ceux qui ont eu "maille à partir" avec la grammaire française n'auront pas de raison de "prendre la poudre d'escampette". Ils prendront plutôt leur pied en lisant ce livre où la parole "tient le haut du pavé", où le français est très vivant. Autant alors "s'en mettre plein la lampe".

Journal Entry 2 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Monday, August 15, 2011
C.D. parle de l'expression "peigner la girafe", qui remonte selon lui à l'arrivée de Zarafa, la girafe offerte au roi de France Charles X par Méhémet Ali, pacha d'Egypte. Voir mes commentaires sur La girafe de Charles X sous ce titre de livre.
La girafe suscita un engouement incroyable, nouveau pour l'époque (années 1820):
- des cafés et auberges "A la girafe" ont vu le jour en France le long du parcours de la bête de Marseille à Paris
- des papiers peints, des assiettes ornées de girafes ont été fabriqués
- une coiffure "à la girafe" a été même en vogue parmi de riches élégantes qui, une fois recoiffées à la mode girafe, devaient s'asseoir sur le plancher de leur carrosse/voiture !

La girafe naturalisée se trouve au Musée d'histoire naturelle de La Rochelle.

Journal Entry 3 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Friday, July 31, 2015
Quantité d'expressions imagées du français sont ici abordées par Claude Duneton. Comme avoir maille à partir, qui à la lettre indique "partir" dans le sens de "partager", et "maille"=la plus petite unité monétaire, autrefois, l'équivalent du "centime d'euro". On ne pourrait pas partager un centime d'euro, de même que sous l'Ancien Régime, il était impossible de se partager une maille.
Duneton ne mentionne pas Il y a péril en la demeure. Alors que cette expression n'est plus comprise. Elle ne signifie pas "il y a un danger dans la maison", car cette "demeure"-là n'a rien d'un bâtiment... Il faut comprendre, la demeure, le fait de rester inactif, de ne pas agir. "Il y a danger à rester inactif".

Journal Entry 4 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Friday, October 2, 2015
Sans poire, pas de confiture de poire. Sans ce fruit piriforme (sinon, quelque chose ne tourne pas rond) certaines expressions imagées du français n'auraient pas existé:

"Entre la poire et le fromage". – A la fin du repas, au moment où l’on parle plus librement*.

"Garder une poire pour la soif". – Epargner pour les jours difficiles à venir.

"Couper la poire en deux". - Faire des concessions réciproques.

"Ne pas promettre poires molles." - Menacer d’un traitement rigoureux. (Le TLFI, Trésor de la langue française informatisé, qualifie cette expression de vieillie… Ce serait dommage qu’elle se perde, qu’elle sorte de l’usage.)

*sauf que... si des journalistes sont présents autour de la table, l'un des convives ajoutera: "Bien entendu, c'est off !", gasp !

Journal Entry 5 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Saturday, July 16, 2016
Duneton a eu là une idée de génie de se mettre en quête d'expressions populaires françaises. Il y en a suffisamment pour pouvoir en placer quelques-unes çà et là. Il faudra que j'y revienne.

Mieux vaut une puce à l'oreille qu'un rat dans sa chambre.

Journal Entry 6 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Monday, October 3, 2016
p.247, Claude Duneton explique l'origine de l'expression tirer une bordée: c'est la "décharge simultanée de tous les canons d'un même côté". Par extension, on dit "une bordée d'injures", comme les perroquets de l'île caraïbe du Trésor de Rackham le Rouge qui insultent Haddock, le traitant entre autres de "boit-sans-soif", une injure, disons, ciblée, en ce qui concerne ledit capitaine.
Le coq, lui, se fait voler un poulet et une boîte de biscuits.
Ventrebleu (ou rouge, selon le plumage du psittacidé) comment des perroquets auraient-ils pu se transmettre entre eux des paroles de François de Hadoque depuis 1698-1699 dans cet album de Tintin lié à une histoire de pirates ?
Des spécialistes ont noté que dans Le Trésor..., l'ancestral Hadoque n'aurait pas pu s'écrier "Tonnerre de Brest !" en apercevant le bateau pirate, parce que le canon brestois surnommé tonnerre de Brest, en 1698, n'existait pas encore. On aurait donc un bel anachronisme, mais depuis Beauverger, on sait que fantaisie temporelle et piraterie peuvent naviguer de conserve.

Journal Entry 7 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Saturday, July 1, 2017
L'expression "autant pour moi", ou "au temps pour moi", est beaucoup discutée au boulot depuis quelques années.

Journal Entry 8 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Wednesday, October 25, 2017
Quantité d'expressions imagées en ce livre.

Les plus désagréables, ce sont : tourner autour du pot, noyer le poisson, donner le change...

Journal Entry 9 by wingsouramwing at Genève, Genève Switzerland on Wednesday, October 25, 2017
Il est permis de songer à des projets bookcrossing pour 2018.
- lire autant d'écrivains que possible dont je n'ai encore jamais rien lu
- oser au moins un cycle romanesque en 2 tomes voire davantage
- trouver de nouveaux adeptes locaux

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