Les intouchables

by Ghislaine Ottenheimer | Mystery & Thrillers | This book has not been rated.
ISBN: 2226151184 Global Overview for this book
Registered by Victor-Schmara of Lille, Nord-Pas-de-Calais France on 7/23/2005
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Journal Entry 1 by Victor-Schmara from Lille, Nord-Pas-de-Calais France on Saturday, July 23, 2005
Un des constats du 29 mai est la fracture entre le pays et ses élites.
Les gens n’y croient plus. Ils ne marchent plus, ne font plus confiance.
Je m’intéresse aux raisons de ce désaveu.
Ce livre en propose quelques unes.

En France, dans notre système de formation, l’élite de l’élite, ce sont les inspecteurs des Finances, gratin des meilleurs de l’ENA chaque année. Ils sont appelés à la très haute administration du pays, et, de façon croissante, à celle des grandes entreprises, publiques comme privées.
Or, quelques uns de ces pourtant brillantissimes cerveaux se sont récemment illustrés dans de sympathiques échecs : Jean-Yves Haberer au Crédit Lyonnais, Jean-Marie Messier chez Vivendi, Michel Bon chez France Télécom, Pierre Bilger chez Alstom.

Ghislaine Ottenheimer a mené une enquête fouillée et passionnante chez les 300 membres de ce corps discret, omniprésent dans la conduite des affaires du pays depuis deux siècles.


Morceaux choisis :

« Une PME saute pour un trou de trésorerie de quelques dizaines de milliers d’euros. Les Messier, Bon, Bilger, eux, peuvent jongler avec les milliards sans que jamais les banques s’inquiètent.
Au pays de la banque, il paraît que c’est normal. Philippe Auberger, inspecteur des Finances, député RPR, rapporteur de la commission d’enquête sur le Crédit Lyonnais, raconte qu’un jour, avec ses collègues du Parlement, il s’était ému du fait que la banque continuait à poursuivre des petits débiteurs qui s’étaient endettés pour acheter leur pavillon, alors que non seulement elle ne réclamait rien au promoteur Michel Pelège qui avait laissé une addition de plus d’un demi milliard de francs, mais elle lui avait signé un chèque de 300 millions de francs pour qu’il quitte la présidence de sa société immobilière SMCI. "Insupportable moralement", avaient-ils dit à Jean Peyrelevade. Le patron du Lyonnais avait rétorqué : "OK, mais c’est une habitude."
Une habitude ? La France d’en bas en a marre de ces habitudes. Certes les inspecteurs des Finances ne sont pas responsables de tout. Mais plus que jamais, en cette année 2003 où se sont succédé les sinistres, ils incarnent un ordre nuisible. Ils dirigeaient la France parce qu’ils bâtissaient une économie administrée. Aujourd’hui, le monde est mouvant, imprévisible, concurrentiel. Le moule social s’est évaporé, mais les privilèges ont subsisté, sans raison. L’inspection n’apparaît plus que comme une coterie illégitime. Qui ne songe qu’à elle. Qui n’est pas qualifiée d’office pour diriger des entreprises.
"Déjà, avant l’écroulement final, la France est dissoute, et elle est dissoute parce que les privilégiés ont oublié leur caractère d’hommes publics." écrivait Hippolyte Taine à propos des aristocrates dans son livre consacré à la Révolution. »


Un éminent consultant explique : "On ne peut pas sélectionner une élite à vingt ans. C‘est une utopie. Il faut laisser s’épanouir les talents. La réalité est mouvante, les besoins se renouvellent sans cesse. On ne peut pas savoir dès le départ si les gens seront créatifs, gestionnaires, administratifs. Il faut créer les conditions de l’épanouissement et du développement d’une élite. Ce qui est différent."
Qui aurait l’idée de sélectionner à vingt ans, sur concours, les futurs patrons de maisons d’édition, de clubs de foot, de sociétés immobilières, de laboratoires ? Ce qui pouvait se concevoir dans une économie très étatisée et très centralisée est un contresens dans une économie concurrentielle, mouvante et pleine d’imprévus. »


« Début juillet 2002, quand dans un climat d’intense tension Jean-Marie Messier démissionne enfin, c’est un événement. L’inspecteur le plus doué de sa génération, le plus médiatique, le plus puissant, démis de ses fonctions ! Il faut dire que le résultat est consternant : six ans après son arrivée à la tête de la Générale des Eaux, l’ancêtre de Vivendi, le groupe Vivendi Universal affiche un endettement record de 60 milliards d’euros. Il est au bord de la faillite. Il n’a plus un sou en caisse. Les banques qui pourtant n’ont pas lésiné sur les moyens mis à sa disposition, rechignent à reconduire les crédits. En un an, la valeur boursière de ce fleuron de l’industrie française qui devait dompter l’Amérique est passée de 60 milliards à 13,5 milliards d’euros !
[…]
Un problème de "gouvernance", d’administrateurs indépendants, jargonne-t-on ici et là pour expliquer le désastre. En clair : le conseil d’administration n’a tout simplement pas fait son boulot. Et là encore, surprise : Au conseil d’administration de Vivendi Universal, outre Jean-Marie Messier, on comptait cinq inspecteurs des finances, Marc Viénot, Jacques Friedmann, Guillaume Hannezo, René Thomas et Jean-Marc Espalioux. Que des administrateurs anonymes se soient laissés bluffer, envoûter par le brio de Messier, on s’interroge, mais comment ces hommes expérimentés se sont-ils laissés totalement manipuler ?
[…]
Malheureusement, l’histoire se répète. Deux mois et dix jours après la chute de Jean-Marie Messier, le 12 septembre 2002, un autre inspecteur est contraint de "démissionner" : le très élégant Michel Bon, président de France Télécom. Lui aussi membre du club Champollion, du nom du lycée de Grenoble où Haberer, Messier et Bon ont fait leurs études. Même motif, même punition.
La situation financière de l’entreprise qu’il dirige depuis sept ans est elle aussi catastrophique. France Télécom enregistre une perte abyssale de 20,7 milliards d’euros. 20 milliards envolés, partis en fumée. 20 milliards, soit l’équivalent du budget annuel de l’Etat en matière de logement, de transport et d’équipement ! Quant à l’endettement de ce fleuron de l’industrie française, il se chiffre au bas mot à 70 milliards d’euros ! Un record mondial ! "Deux siècles de budget d’une région comme Poitou-Charentes" a lancé effaré Jean-Pierre Raffarin sur France 2, le 26 septembre 2002. Si l’Etat, donc le contribuable, n’était pas venu à la rescousse, France Télécom aurait tout simplement mis la clé sous la porte. En faillite. »

Albin-Michel, 444 p., avril 2004.

Journal Entry 2 by scruinize from Paris, Ile-de-France France on Thursday, July 28, 2005
Je vais enfin SAVOIR ...

PS : scruinize ne veut rien dire ! c'est juste un de mes surnoms comme marlin, ganez ou encore grobèse ... J'ai des amis bizarres ...

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