Il ne me viendrait pas à l'idée de mettre la note de 10/10 à un livre, mais disons que celui-là fait partie des quatre ou cinq que je connais et qui méritent, à mon avis, plus de 9,9. Pour la narration, le style, l'ampleur, le souffle, l'humanisme, la générosité, la férocité, l'anarchie, pour ne parler que de ses qualités les plus évidentes.

L'idée de se séparer de ce livre, qui n'est qu'un exemplaire parmi les millions qui existent de ce chef-d'oeuvre, mais qui était mon exemplaire à moi, l'objet avec lequel j'avais rencontré Céline et dont j'avais pris deux fois déjà toutes les pages, une par une, dans mes mains, cette idée n'allait pas vraiment de soi.

Et puis un jour, j'ai lu ça :
"Je lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère."

Là : http://www.bookcrossing.com/journal/2710393/

Alors j'ai pris une enveloppe, un stylo, et en avant.

Reçu par colis suprise ce matin de la part de PhVI.
J'ai adoré la carte qui l'accompagnait me donnant tes impressions et période à laquelle tu as pu les découvrir.
Je ne connaissais pas l'extrait cité dans le commentaire précédent mais c'est tout à fait cela!
Tout le monde me dit que je devrais me mettre à la liseuse; mais quelle horreur!
Mon plaisir n'est pas que dans la lecture mais aussi dans l'histoire du livre lui même,son odeur,les annotations,son parcours. C'est pour moi un partage d'une tranche de vie.

Au coin attente.