Récupéré dans la boîte à livres à Metzing (57980)

4ème de couverture :
...J'ai donc voulu voir Souveraine Magnifique, cette rescapée des vastes massacres qui se sont abattus sur le Rwanda en 1994 avec la fureur de cyclones sanglants. C'est le pouls battant, mais la tête froide, que j'ai frappé à la porte de la jeune femme. On ne sait jamais qui vous scrute derrière des rideaux à peine frémissants. On ignore ensuite quel être, surgissant des fumerolles d'une épouvantable histoire, vous invitera à découvrir sur les marches du soir les fantômes qui peuplent et crucifient sa mémoire. Tout au long de nos conversations, ses souvenirs, ses confessions, sa colère moite, sa rage intacte portaient encore, vingt ans après la tragédie, la trace des cris, des râles et des chuchotements venus d'outre-tombe. Ma rencontre avec Souveraine Magnifique et la vache Doliba, qu'elle cogérait avec le bourreau de ses parents, m'a montré combien la sagesse des anciens a pu voler au secours des temps modernes englués dans leur morale et leurs procès. Des brumes bleutées des collines rwandaises jusqu'aux eaux rougeoyantes du Ruzizi, cette rivière qui sépare plusieurs pays de la région des Grands Lacs africains, j'ai entendu la voix de Souveraine Magnifique, son coeur, son âme.

Je classerai ce roman dans la catégorie Fait réel et historique.
L'assassinat du président rwandais, Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 servit de prétexte (événement déclencheur) aux extrémistes Hutus pour mener leur objectif génocidaire contre les Tutsis, qui débuta le 7 avril et se termina en juillet 1994. D'où "les 100 jours et les 100 nuits" cité dans le livre.
Je précise que les "Longs" sont les Tutsis et les "Courts" les Hutus.

J'en suis à la moitié du livre et je suis complètement retournée sur des scènes insoutenable décrites à la perfection par Souveraine Magnifique, une rescapée, une enfant de 8 ans à l'époque.
Avertissement aux lecteurs sensibles !!! Et j'en suis !

" Quand elle m'apprenait une nouvelle conjugaison, cette affaire compliquée que la langue française a établie et peaufinée pour donner des insomnies aus élèves, ses cils battaient une cadence particulière. Il y avait un sentiment jubilatoire qui agitait ces battements-là? C'était un papillonnement joyeux lorsque je réussissais à conjuguer les verbes correctement, que j'enchaînais les exercices sur ceux du premier et du deuxième groupe avant de choir dans le périlleux abîme du troisième. Elle ne se moquait jamais de mes erreurs, mais un discret sourire étirait ses lèvres. Puis elle redevenait sérieuse et pédagogue. Elle aimait la conjugaison, et je m'en souviens comme si c'était hier, parce que celle-ci, argumentait-elle, présente les différentes nuances du temps qui vient, qui viendra, qui est venu, qui reviendra peut-être... selon les circonstances ou les caprices de la nature ! Mélancolie était pour moi quelqu'un qui chassait les ombres de l'ignorance et écartait les mystères avec la lumineuse gomme de la connaissance."

" Nous étions placés, comme des âmes prématurément détruites, sur le rebord de nos existences. Quand on est enfant, on ne voit pas tout, même si l'on a des oreilles qui captent les moindres murmures ou devinent les mots qu'on étouffe. Dans l'instant où ces choses qu'on voile sont dites ou prononcées, même de manière allusive, l'enfant les absorbe, il s'en imbibe comme une éponge. Cela fini par peser sur une vie. On ne s'en affranchit aussi que dans la mesure où l'on espère encore."

" Nous étions pris entre plusieurs feux : celui des sinistres miliciens, celui des petites gens qui aiment à dénoncer, celui d'une armée au bord de la déroute et qui tirait alors, dans son affolement, sur tout ce qui bougeait. Voyager jusqu'au Zaïre était compliqué et dangereux sur des routes peu sûres, fermées par endroit, coupées par des pillards, impraticables sous la menace des clous que les miliciens y déversaient et des machettes qui venaient finir le cynique travail."

" On craque et on étouffe quand le souvenir vous cogne des rafales de coups dans la tête, le cœur, les poumons. On étouffe sous les tourbillons du sang qui bouillonne en vous et vous monte au cerveau. Et vous êtes au bord de l'asphyxie."

Un livre pas vraiment une "surprise" puisqu'il t'était destiné il y a un p'tit moment et que j'ai tardé à envoyer...
Je reviens de la poste toute énervée ! C'est la première fois qu'on me dit d'ouvrir l'enveloppe et j'ai été obligé de sortir les 3 tout petit chocolats (pas plus grand qu'un bonbon) que j'y avait ajouter grrrr ! Je suis désolée pour toi, ces friandises étaient un petit plus !
Gagnant ou alibi ???
En tout cas bravo et félicitations pour cette tombola de Février !
Bonne réception et lecture !

La lecture met en ébullition, dissipe la sécheresse, active les facultés, déchrysalide l'intelligence et met en liberté l'imagination. Antoine Albalat

Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe. Jules Renard


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Eugène Ebodé...
Souveraine magnifique est bien arrivé aujourd'hui, merci, Améthyste ! Coïncidence, entre-temps j'ai gagné la tombola de février :)
Il y a quelque temps, Eugène Ebodé écrivait pour nous dans notre journal qui a 150 ans cette année.
Ce sera l'occasion de lire de nouveau un livre de la coll. Continents Noirs. Après Scholastique Mukasonga, Ebodé aborde également le Rwanda, selon le 4e de couv.

Eugène Ebodé raconte le destin d'une Rwandaise appelée Souveraine Magnifique.
Je n'avais plus lu de livre en lien avec le Rwanda depuis Gilbert Gatoré et Moisson de crânes.
Un passage glaçant, quand Souveraine encore enfant est cachée dans une armoire alors qu'on massacre son père et sa mère en 1994.

Image: le mwami (roi) du Rwanda Kigeri IV, au pouvoir vers 1890; premier roi rwandais à avoir reçu un Européen à sa cour. (Il est question de Kigeri IV dans le livre.)
Wikipedia donne une liste de rois du Rwanda remontant au XIe siècle...

Un roman qui s'inspire du génocide de 1994 au Rwanda et raconte une procédure de "gacaca" (pron. "ga tcha tcha") de tribunal de village.
Un livre impressionnant.
Le moment le plus sidérant: quand Modeste Constellation comparaît dans la gacaca. On se demande pourquoi les gens tuent. Modeste affirme avoir tué sous la menace; mais son modus operandi ne montre pas qu'il a été réticent au moment de passer à l'acte.
Pourquoi les gens en tuent-ils d'autres ?

E. Ebodé rebaptise Longs et Courts les deux communautés principales du Rwanda.

Il ne t'est jamais donné de rêve sans le pouvoir de le réaliser. (Richard Bach)

Eh bien, vous avez découvert quelque chose...
Un livre abandonné exprès !
N'ayez pas d'hésitation: donnez votre avis, ou racontez votre découverte, cela nous plaît de savoir ce que deviennent les livres "libérés" ainsi.

Je me suis laissé tenter. Livre pris à la réunion mensuelle.

Pas facile de commenter un tel livre. Après une cinquantaine de page je me demande si j'irai jusqu'au bout de ce témoignage...

Ce récit est étonnant à tous points de vue et particulièrement marquant. Il relate l'horreur de 1994 au Rwanda mais en même temps il est porteur d'un message de reconstruction. Que ce soit l'apaisement personnel ou la réconciliation des communautés, le message final est clair: il faut progresser ensemble.
Le livre a fait une étape chez moi. Je vous le confie, son voyage continue entre vos mains.
Bonne lecture !

Pris à la rencontre mensuelle sur les conseils d’Ydam21!

Un récit terrible et poignant, qui pourrait être transposé dans n’importe quelle zone de conflit. Avec un accent mis sur la réconciliation et la cohabitation, symbolisées par la vache Doliba.
Une lecture marquante, mais certaines scènes sont vraiment dures.

Pour la tombola de l’été! Bonne lecture!

Un grand merci pour le livre, les autocollants et la jolie carte!

Un roman percutant.

Donné à Guy.
Bonne lecture ! :-)