Circul'Livre Cours de Vincennes
Je ne connaissais pas ce petit roman de Jane Austen.

Ma chère Alicia,
Vous êtes bien bonne de vous occuper de Frederica. Je vous en sais gré comme d'une marque de votre amitié. Mais, comme je n'ai aucune raison de douter de la chaleur de cette amitié, je suis loin d'exiger un sacrifice aussi lourd. Cette fille est sotte et n'a rien pour la recommander....
...Mais assez sur le chapitre le chapitre de cette fille assommante.

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Quel phénomène ! Qu'une femme cherche par tous les moyens à se caser et faire un beau mariage, c'est de bonne guerre. On ne peut pas considérer les femmes comme des mineures, leur ôter toute possibilité de subvenir à leurs propres besoins et ensuite leur reprocher d'utiliser les seules armes qu'il leur reste. Les prétendants (en l'occurrence les "prétendus") n'ont qu'à faire attention. Ce qui est plus gênant, c'est son attitude envers sa fille.

En tout cas, nous avons là un beau documentaire sur les moeurs de l'époque. Les visites chez les gens s'éternisaient pendant des semaines, il fallait bien prêter assistance aux parents pauvres et vivement la disparition des maris encombrants. Et, surtout, il n'y avait ni téléphone ni Internet.

Le roman épistolaire, c'est casse-gueule. Mais les premiers chapitres m'ont l'air de tenir la route, alors je tente.

De ce style casse-gueule, donc (je persiste et je signe), l'auteure s'en sort plutôt bien, je trouve. Malgré des citations de dialogues un peu longuettes et peu réalistes, la succession des lettres est parfaitement menée, présentant avec finesse le déroulement de l'intrigue et les relations entre les personnages.
La fin est un peu faiblarde, par contre, on a l'impression que l'auteure a jeté l'éponge en cours de route.

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Roman épistolaire permettant de se centrer, en peu de pages, sur le ressenti et la vision des protagonistes.
L'héroïne, mère épouvantable, nous laisse pantois face à son art de la dissimulation et de la manipulation. Style littéraire savoureux, ton ironique et précieux.
N'aurions-nous pas des leçons (pas toujours morales) à tirer de ce récit finalement assez contemporain ?

Une tasse de thé en porcelaine fine orne la couverture de ce livre, semblant appeler à profiter des doux instants de la vie. Il n'est pas bien gros, et m'a tendu les bras lors du meet-up parisien de novembre. Résister je ne puis.

Une lecture jouissive : quelle puissance dans cet échange épistolaire. Le moindre détail a son importance, le choix des mots, la construction des phrases, l'alternance des expéditeurs et des destinataires, le dit et le non-dit. Du grand art pour brosser le portrait d'une femme, d'un véritable godelureau féminin devrais-je dire, des plus horribles manipulatrices qui soient. J'ai bien aimé.

Selon Wikipedia, Jane Austen doit son éducation en grande partie à son père et à ses frères aînés, ainsi qu'à ses propres lectures. D'ailleurs en France à la même époque, Jules Ferry n'était pas encore né. N'empêche que sa prose est d'une grande classe, et j'espère la faire découvrir lors du meet-up strasbourgeois de mars, ou alors à un futur lecteur de passage.
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