" - Et en Amérique, ça leur plaît la guerre ?
- Ils ignorent ce que c'est. Ils sont comme des enfants. Ils croient tout ce qu'on leur raconte ; ils n'ont aucune expérience des affaires internationales, comme vous, les Européens. A mon sens, notre entrée dans la guerre est une vraie tragédie."

Et voici mon livre évoquant l'été... Et oui, à l'heure où nous nous souvenons de l'entrée dans la Grande Guerre il y a 100 ans, il me semblait opportun de rendre hommage à tous les combattants.

Je vois que la rumeur se vérifie; plus on a lu, plus on a encore de livres à lire; Hemingway, j'ai lu; Erskine Caldwell aussi même si cela remonte à longtemps; mais John Dos Passos, je n'en ai à ce jour encore rien lu...
En 1917 John Dos Passos avait 21 ans.
Merci, Macrobio; comme quoi:
- je peux être un critique littéraire et avoir encore des auteurs non-lus
- je peux avoir lu des montagnes de livres au point que si elles avaient été enneigées un enfant aurait skié dessus sans accroc, et néanmoins je n'ai pas encore lu John Dos Passos

Mon initiation à Dos Passos va pouvoir commencer.

Je l'ai commencé ce matin. J'y glisse un petit clin d'oeil au récent MBC de Bordeaux de samedi 11 octobre 2014:
p.29: "Bordeaux par temps de guerre m'était déjà familier. Par deux fois, j'y avais passé quelques jours, à l'occasion de mon voyage en Espagne. Là j'étais trop absorbé par la magnificence de l'architecture du XVIIe siècle, par les noms des rues qui semblaient des échos des phrases de Montesquieu, et par l'odeur des fûts de vin sur les quais..."
Résumer ce livre en forme de puzzle serait plus difficile encore que de vouloir résumer Le Colosse de Maroussi de Henry Miller; j'y vois un point commun avec ce dernier titre de Miller*, la présence de considérations sur la société, l'état du monde et un regard non-conformiste sur la société et la politique des États-Unis, patrie de Miller et de Dos Passos; après, les divergences commencent entre ces deux ouvrages; ne serait-ce que la présence de la Grande Guerre dont on commémore le début cette année tandis qu'une nouvelle "guerre de 14" a entre-temps démarré en Ukraine.
Le récit de la Grande Guerre par Dos Passos est un peu moins teinté d'horreur que dans La Vie dangereuse de Blaise Cendrars ou dans Vie des martyrs et autres récits du temps de guerre de Georges Duhamel; mais de l'horreur, il y en a quand même un peu chez Dos Passos.
Dos Passos parle de ses lectures et trouve comiques, bancales les Confessions de Rousseau. Le philosophe genevois voulait avec ce livre aider le lecteur à mieux comprendre son oeuvre mais il a échoué sur ce point.

*Henry Miller aura-t-il davantage adopté le ton d'un schtroumpf grognon que John Dos Passos ? Caramba, je ne peux trancher si facilement, je ne les ai pas assez lus :)

Le jeune John, 21 ans en 1917, arrive sur la scène de la Grande Guerre, en Europe, en l'occurrence en France, dans l'Argonne. Confronté à une expérience inédite pour sa génération, une guerre internationale, John raconte que la guerre, pour lui, c'était... comme une soudaine épidémie de fièvre jaune dans un pays qui n'aurait jamais connu la fièvre jaune ! John est partagé entre l'aversion pour la guerre, sa déception de voir son pays, les Etats-Unis, entrer dans un conflit qu'il voit, lui, comme une vieille lune, une lubie de vieux gouvernants aux antipodes de la modernité américaine, et son désir d'y "aller voir", de "vivre ça".
John sympathise avec quelques anars, des socialistes et des communistes sans très bien comprendre ce que cela implique. D'abord la paix, ensuite on fera bouger les choses, on tentera de dégommer les dirigeants, tel est le projet qui est en attente.
Les gazés à l'ypérite, les tués, les chaussures des copains morts qu'on récupère pour en tirer des lacets, une mule éventrée racontent la mort en masse dans cette guerre, la première où l'on peut être tué par un adversaire invisible, où l'on peut tuer indistinctement des ennemis, liquider "abstraitement" avec des machines. John ne le sait pas en 1917 mais la Grande Guerre marque une rupture dans la vision symbolique des gens.

John n'est pas combattant mais ambulancier. Nuance.
Beaucoup aimé. Les deux préambules, 1945 et 1968, apportent une variation du point de vue. John parle de lui par moments avec distance, admet que chasser de vieux dirigeants n'implique pas que les nouveaux soient de brillants philosophes ! Que les nouveaux sont quelquefois pires que les anciens.
Je trouve assez inattendu pour l'époque des lignes de John Dos Passos sur la notion de "servitude volontaire", de public dupe/dupé, des arguments plutôt de maintenant que des années 1910.

Arrêt de bus "Les Vuattes", chemin de Vers, non loin de la place des Aviateurs.
Comme dit le sage: "La liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas."




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Voyez par exemple ce qu'est un Méga Book Crossing ou "MBC" comme le MBC de Bordeaux le samedi 11 octobre 2014...

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