dur

libéré lors du brunch BC

Même si j'ai beaucoup lu, je n'ai jamais entendu parler de Charles-Louis Philippe. Fin du 19e et début du 20e siècle, apparemment.
J'ai récupéré ce livre - format poche - à l'abc du samedi 18 janvier 2014 au Tea-Room le Délice, à Lausanne (un grand moment).

Charles-Louis Philippe axe "La Mère et l'enfant", texte initial de ce livre, sur l'enfant qui se met à marcher puis à parler. La préface nous apprend que Charles-Louis Philippe a voulu décrire la vie populaire, et qu'en 1902, il a raté de peu le premier Prix Goncourt !
L'un des récits de fiction de Charles-Louis Philippe, si j'en crois la préface, s'intitule... Croquignole (avec un seul "l") :)

Dans les 2 récits en partie romanesques, en partie inspirés de sa propre vie, Charles Louis-Philippe donne vie à des personnages ruraux, humbles, vivotant dans le Bourbonnais: il met par écrit quelques expressions du Bourbonnais (voir notes en fin de volume). J'ai pensé en lisant au tableau Les Casseurs de pierres de Gustave Courbet: le peintre a raconté avoir peint ce tableau après avoir vu dans quelles conditions difficiles vivaient et travaillaient les cantonniers.
Chez Charles Louis-Philippe, on découvre le désarroi d'un vieux maréchal-ferrant lorsqu'un médecin lui annonce qu'il ne pourra plus travailler, ses yeux étant "malades"; l'entrée au lycée du fils d'un sabotier rappelant l'écrivain (celui-ci utilise à diverses reprises la 1ère personne du singulier); une société scindée en groupes, bourgeois, ouvriers, paysans, et non en ethnies ni en nationalités (tout se passe en France, et aucune communauté étrangère n'est mise en scène) Une génération, celle de l'écrivain, née au début de la IIIe République, balance entre avancement et attachement au terroir: Jean le cheminot ne démissionne-t-il pas pour se rapprocher de son village ? Néanmoins, les fils et filles ne ressemblent pas aux glands d'un chêne qui tombent au pied de l'arbre; ils font leur vie ailleurs, un peu partout, un vrai choc pour une ruralité qui vit, inexorablement, "la fin des terroirs", l'exode rural, la modernisation même si elle est encore loin du Bourbonnais profond, sous la plume de l'écrivain. Qu'on lise jusqu'au bout Le Père Perdrix pour avoir un écho du choc de la découverte de Paris par des ruraux ! Les becs de gaz, la foule bruyante, etc. Non, ce n'est pas le jeune Rastignac s'exclamant "A nous deux, Paris !" C'est l'étonnement inquiet de qui se demande si c'est-y pas possible de vivre comme ça dans ce Paris-ci complètement fou.
J'ai bien aimé.
On trouve ici et là des paroles d'empathie, de gratitude, tout autant que la trace de moments plus malaisés: l'arrivée en internat où le jeune de 12 ans découvre les "pions", les surveillants, les confond avec des garde-chiourme, mais parvient à s'habituer à cette espèce d'exil scolaire. A lire l'écrivain, à 15 ans, on est à la veille d'accéder au rang d'adulte; assez prévisible en un monde où la vie est plus brève qu'en 2014, où la teenage culture n'existe pas. Je ne crois pas que c'était mieux. L'alimentation mangeait en 1914 les 3/4 d'un budget de ménage en Suisse ou en France (nettement moins en 2014, avec la productivité et la production de masse). Belles phrases d'hommage à la mère (aux mères) également.


Né en 1874 à Cérilly (France, département de l'Allier, arrondissement de Montluçon) Charles-Louis Philippe est décédé le 21 décembre 1909 à l'âge de 35 ans, fauché par une typhoïde qui a dégénéré en méningite. On l'enterre le 24 décembre 1909.
L'écrivain a publié La Mère et l'enfant en 1900 et Le Père Perdrix en 1902. Il a fondé avec quelques amis la Nouvelle Revue Française et écrit des textes pour La Revue Blanche. En 1901, il a rencontré un succès certain en publiant Bubu de Montparnasse.
Fils d'un sabotier de l'Allier (dans ce livre, on rencontre un sabotier) Charles Louis-Philippe a étudié grâce à une bourse. Il a gardé un sentiment de solidarité envers les humbles. Il a pu habiter Paris (Ile Saint-Louis) et y travailler comme "piqueur" au Service des concessions, homme chargé de vérifier que les terrasses n'empiètent pas davantage que permis sur le trottoir.

Actualisé. Lu.
Réservé pour vaga-bonde.

Nom d'animal=perdrix, Bookalauréat 2014.

Charles Louis-Philippe n'a pas mené un combat à la façon de Nelson Mandela*, mais il est devenu un écrivain, un cofondateur de revue de gendelettres, lui, dont le père fabriquait des sabots. Il s'est toujours senti proche des humbles.
Pour vaga-bonde.

*Nelson Mandela, mot des JE en folie, 02/2014.
+ ce n'est pas moi qui ai enregistré ce livre, au départ: il prend donc part au défi/challenge Keep Them Moving, pour la conservation du mouvement des livres bc.



Bravo, vous avez emmené ce livre vers une nouvelle vie ! Si c'est une "première" pour vous, votre propre vie a déjà un peu changé...

Dites ce que vous ferez de ce livre. Vous pouvez rester anonyme si vous préférez.

Si vous voulez comme moi libérer des livres, vous devez les enregistrer sur www.bookcrossing.com. Là, il faut être inscrit, membre. C’est ouvert à tout le monde; pas mal, non ? Qu'est-ce qui est ouvert à tout le monde de nos jours ?

Faire bouger des livres, en libérer par ex. à un arrêt de bus, sur un banc, apprendre ce qu'ils deviennent, où ils migrent, fait ressembler le bookcrossing à un jeu géant à effets multiples, rencontres d’autres bookcorsaires/bookcrossers, participation à des MBC (MegaBookCrossings, libérations massives de livres à plusieurs dans une ville, il y aura un MegaBookCrossing à Genève Suisse le 10 mai 2014) découverte de livres, jeux, défis BC, etc. Un exemple de réunion de bookcrossers: assemblée de bookcrossers à Lausanne samedi 18 janvier 2014

Ne craignez ni pluie ni neige, on peut protéger un livre dans un sachet à zip pour aliments p. ex.

Pour en savoir plus ?
Site bookcrossing.com, forums inclus, Site Watch, forum Francophone, site Bookcrossing Romandie Bookcrossing romand, page FB du Bookcrossing. Voyez les livres que j’ai libérés sur http://www.bookcrossing.com/mybookshelf/souram également.

Remis ce midi en mains propres par Souram au tea-room "Aux petits pains dorés".

Un auteur dont je n'avais jamais entendu parler et que j'ai découvert avec plaisir. Langue rude qui essaie de coller au plus près à la pauvreté, rurale comme urbaine, aux hommes littéralement "écrasés" de travail. Et un dilemne que l'auteur lui-même a confronté: en étudiant, en "s'élevant", en échappant à sa condition, trahit-on ses origines et les siens? Bel hommage à l'abnégation des mères dans le premier récit, (qui n'est pas sans rappeler "Le livre de ma mère" d'Albert Cohen), peinture glaçante de la misère dans le second.

Ce livre sera relâché dans le cadre d'une libération en masse, lors du rassemblement de bookcrosseurs francophones du 10 mai 2014.

Bonjour!
Merci de me faire savoir par une petite note, même de façon anonyme si vous le souhaitez, que vous avez trouvé ce livre.
Vous pouvez ensuite, via ce site, dire ce que vous en avez pensé, et le relâcher à votre tour quelque part après l'avoir lu, ou le donner à quelqu'un d'autre, pour qu'il continue son voyage.
Bonne lecture!