La tourbe conserve tout à l'abri de l'air et de la lumière, à l'abri de la vie.
Dans une région marécageuse, où le temps semble immobilisé, un organisme charitable offre une semaine de vacances à cinq vieillards de l'hospice, hauts en couleurs et surtout en douleurs, dont la fréquentation n'est pas de tout repos. Fugues, délires, disparitions, cadavre, les fautes et les douleurs anciennes remontent à la surface.

Je me souviens effectivement de tourbières rencontrées lors de mes randonnées, et elles sont toujours spectaculaires : où s'arrête l'eau, où commence la terre, tout est mystère...

Ce livre qui s'ennuyait sur mon étagère a décidé d'aller conquérir de nouveaux lecteurs. Et il commence son voyage par un billet gratuit via le jeu du pendu.

1ère étape programmée chez la gagnante : Mariesg.
Bonne lecture !

Bien reçu ce jour avec une superbe carte de la Petite France (pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un quartier strasbourgeois aux petites maisons à colombages vraiment hors du temps - sublime !).
Je ne sais pas si le récit correspondra à sa couverture (l'habit ne fait pas toujours le moine), mais je m'attends au pire : trois hommes le long d'une rivière ; l'un d'entre eux porte sur l'épaule le corps d'une femme nue. Mmmmm, ça m'a l'air gai...
;o)
Merci, Indy2012 !

Très bon drame psychologique.
Le style est excellent, très prenant. Les personnages travaillés et profonds. On a du mal à savoir où s'arrête la réalité, où commencent le délire et le rêve, comment s'entremêlent présent et temps jadis. On ne sait démêler le vrai du faux. Mais assurément, la tension grimpe, grimpe, grimpe, jusqu'à atteindre son paroxysme après environ 200 pages pendant lesquelles on sent que l'inexorable va se produire.
Ensuite, les noeuds se dénouent. À vrai dire, j'avais à peu près tout dénoué (avec cependant une erreur de taille) à la page 217 (il en restait 50, un peu trop à mon goût). La chute est un peu brutale, on ne sait pas tout, on reste un peu sur notre faim, et c'est très bien comme ça. Même si on est frustré pour les personnages qui en savent au final bien moins que nous.
J'admire la performance !

Pages 47-48 :
Elle est partie. Elle s'est débattue pour vivre, quelques années encore : je t'aimais. Elle a rejoint les autres ombres à présent. Elles chantent. Et c'est un appel en même temps qu'un reproche, une prière.
- Oh ! viens, Élie. Pose tes pieds sur la mousse, avance, viens vers nous, avance encore. Ne t'inquiète pas de ces flaques devant toi, ni de cette eau qui remonte sous tes pas. Ce sont nos larmes, Élie, nos larmes inutiles, perdues pour tout le monde, mais toi, tu les boiras. Oui, saoule-toi de nos larmes, viens te noyer en nous, tu nous appartiens, nous te voulons.

Pages 248-249 :
(Ce passage me rappelle un Agatha Christie, mais ne vous dit rien sur le dénouement, je vous rassure.)
Dans les livres, on prétend que les coupables sont tourmentés par le remords. Mais on confond tout. (...) Ceux qui vivent comme des coupables, ceux qui rasent les murs et qui ont les regards fuyants, les doigts crispés, les tics, les insomnies, ce ne sont pas les bourreaux ! Ce sont les victimes ! (...) Regarde les enfants battus, comme ils ont toujours l'air de demander pardon. Et les chiens battus... (...) Écoute, ô femme, le plus grand des scandales sur la terre : la victime qui se croit coupable. (...) Et l'innocent qui s'accuse, englué dans la honte.

Page 249 (un passage que je trouve particulièrement touchant) :
Il voudrait continuer. Sa bouche brûle, il va prononcer un discours magnifique, il dira : tu as eu honte des tiens, parce qu'ils étaient des victimes, tu as pensé qu'il y avait une souillure sur eux, sinon le malheur ne les aurait pas frappés. La honte a marqué ton être, au plus profond, pour toujours, et même quand le danger s'est éloigné, tu as continué à cacher ton passé, comme une chose sale. C'est ton âme qu'on a assassinée, et tu as été obligée de vivre sans ton âme, avec une mémoire malade, et tu as transmis une mémoire malade à tes enfants, après toi.

Page 253 (déjà lu ailleurs, mais où ?) :
Le jour contemple les oeuvres de la nuit, et il rit...

Et page 250, un passage magnifique. Stop spoiler (un peu, du moins) !!!! Je l'écris en blanc : sélectionnez le passage si vous souhaitez le découvrir...
Cette lampe vient de l'enfance. Elle ramène les beaux rites graves de l'enfance. Les huit flammes qu'on allume, au coeur de l'hiver, dans les godets pleins d'huile, soir après soir. Une seule, d'abord, puis deux, puis trois, jusqu'au dernier soir, celui où les enfants reçoivent leurs cadeaux, et la lampe brille, de tous ses feux.
La lampe brille. C'est le dernier soir, le plus beau. Les huit flammes sont allumées. Une voix prononce la bénédiction :
- Ces lumières sont sacrées, nous n'avons pas le droit d'en faire usage, mais seulement de les regarder.
Huit lumières sacrées et, nettement à l'écart, dans un récipient plus grand, une neuvième, la seule dont on ait le droit de faire usage. On l'appelle le Serviteur, c'est à sa flamme qu'on allume les autres. Élie se souvient qu'il avait une tendresse spéciale pour elle. Une lumière profane, de rang inférieur, mais sans elle, tout resterait noir, et la fête ne pourrait pas venir. La fête des Lumières, comme un signe d'espérance, au moment où les nuits sont les plus longues - Hanoukka.

Assemblée parisienne mensuelle des bookcrosseurs qui souhaitent passer un bon moment ensemble.


Bonjour ami (désormais) bookcrosseur !

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Bonne lecture !

C'est sûr, il y a une ambiance mais aussi tromperie sur la marchandise. Cette chute, pourquoi pas, mais il aurait fallu qu'il reste quand même un petit quelque chose à se mettre sous la dent. Là c'est très embrouillé et plein de questions restent sans réponse à moins qu'il n'y ait tout simplement rien à comprendre. Si c'est juste un prétexte pour rassembler des gens qui ont des problèmes, ce n'est pas forcément sans intérêt mais c'est une autre histoire.

J'ai lu ce livre en pensant que l'auteur était un homme. J'ai vu ensuite que non. Cela donne-t-il un autre éclairage à l'intrigue ? Pas sûr.