Deux siècles après la mort du Christ, l'Eglise chrétienne est encore pourchassée et déjà divisée, tandis qu'un homme, Calixte, se prépare à devenir le seizième successeur de Pierre.

Dans le cadre du MBC des Schubertiades

Hello Laitus, et d'abord, bienvenue dans le bookcrossing, comme j'ai d'ores et déjà souhaité la bienvenue à fraisechocolat et à migyquiquerez, nouvelles recrues bruntrutaines !
J'ai capturé ce livre, et j'en ai par ailleurs libéré une quinzaine dans Porrentruy hier samedi 3 septembre 2011 lors du MBC romand... J'ai trouvé ce livre sur l'appui d'une fenêtre mais je n'ai pas noté dans quelle rue (c'était la première fois que j'allais à Porrentruy).

Image. Intérieur de la synagogue antique de Doura Europos, en Syrie.

Surge, Calliste ! Debout, Calixte ! Il était temps, ce roman traînait chez moi depuis mon retour du MBC de Porrentruy... C'était en MMXI, en 2011, un an avant le MBC de Sierre.

Je suis illico entré dans l'histoire fictive de ce livre-là. Calixte, d'origine thrace (il a grandi à Sardica, autrement dit: Sofia, de nos jours*) est capturé lors d'une rébellion thrace et vendu comme esclave à Rome. Un riche sénateur, apparemment adepte secret du christianisme (si je saisis bien) fait l'acquisition de cet esclave de seize ans. A peine acquis, l'esclave s'enfuit. Il se rend aux thermes où il voit nager un jeune homme plein de sa personne; c'est Commode (Commodius) le fils de l'empereur alors au pouvoir Marc-Aurèle (Marcus Aurelius).
Ce péplum ne se situe pas du temps de Tibère - comme Barabbas de Pär Lägerkvist, adapté au cinéma il y a un bon demi-siècle avec Anthony Quinn dans le rôle-titre - ni sous la préfecture de Judée de Ponce Pilate - comme Le Maître et Marguerite dans ses séquences en Judée - mais au deuxième siècle ap. J.-C., sous l'apogée de la pax romana. Ce n'est pas si courant: on se rappellera Neropolis d'Hubert Monteilhet et sa peinture du règne de Néron (règne 54-68).

*Sardica, Sofia; Tremontium ou Philippopolis, à présent Plovdiv (Bulgarie); Hadrianopolis, à présent Edirne (Turquie)

J'avance dans ce roman qui apparaît centré sur le thème de la quête de liberté, sur la difficile condition des esclaves. Calixte se montre de surcroît assez rebelle, n'aime pas qu'un notable romain le caresse, et peu importe si ce notable est... l'empereur Commodius en personne ! (Commodius, fils biologique de l'empereur Marc-Aurèle, succède à ce dernier en 180; d'habitude, depuis Nerva en 96, les successions impériales s'organisaient par adoption, l'empereur adoptait son futur héritier en le choisissant dans l'aristocratie)
Gilbert Sinoué raconte également le christianisme, des exécutions de chrétiens, évoque Tertullien (auteur d'une Apologétique) On approche du 3e siècle ap. J.-C., la crise du troisième siècle est pour bientôt (il en est déjà question dans le roman, alors que Commodius règne encore, et il a régné de 180 à 192). Crise du 3e s.: invasions, instabilité militaire et politique, refroidissement climatique.

J'arrive au moment où le Thrace Calixte devient chrétien. En 190, il a assisté à des jeux de cirque (combat de gladiateurs, avec l'empereur Commodius en gladiateur, et même deux femmes s'affrontant dans l'arène, Marcia et Veneria Nigra !) à Antioche. Dans le public se trouvait une jeune femme, prêtresse de Baal, Julia Domna (qui jouera plus tard un rôle dans la lignée des Sévères, Caracalla et Elagabal notamment).
L'un des prochains releases KTM, Keep them moving...

Ancien des Schubertiades bruntrutaines, ce livre aura émergé en 2014. Donc même si le titre mentionne "Calixte Ier, le pape oublié", l'accession de Calixte à l'épiscopat romain n'occupe qu'une minuscule portion du roman, et encore, à la fin. Ce n'est pas un roman sur le pontificat de Calixte Ier. Gilbert Sinoué fait démarrer ce livre de façon plus panoramique que dynamique, présentant au passage la vie à Rome autour de l'an 180 ap. J.-C. (un peu avant en fait) On en apprend beaucoup sur le statut d'esclave, sur certains mots comme ingénuité (=statut d'homme/femme libre, non-esclave) ou curiosi (=agents urbains d'une sorte de police du préfet, à Rome) par moments Sinoué se livre au même jeu que C. Jacq, glissant des infos sur l'Antiquité au fil du roman, Cf. notes de pied de page çà et là.
Livre qui fera penser au Satiricon ou aux banquets romains dans Astérix. Péplum papier où s'exhibe l'empereur Commode, mégalomane adorant jouer au gladiateur - alors que le métier de gladiateur était interdit aux citoyens romains. On se croirait dans Ben Hur ! Le début est peut-être un peu long. Sinoué décrit Calixte comme venant de Sardica sans dire que Sardica=Sofia de nos jours (Bulgarie). Sinon le livre est assez haut en couleur, farci de cape et d'épée, de conjurations, de chrétiens condamnés ad bestia dans l'arène, de coups d'Etat (Commode tué, ses deux successeurs Pertinax et Didius Julianus assassinés également) Il faut savoir que ça prend du temps de lire ce roman.
L'une des plus étranges scènes: celle où Marcia, favorite de l'empereur Commode, se prête à un show à Antioche au cirque, affronte, en "gladiatrice", Vénéria Nigra en un combat sanglant opposant ces deux "stars" en pagne presque nues. Julia Domna, future dame de cour sous Caracalla et Elagabal (deux empereurs du 1er quart du 3e siècle) assiste au show provocant, comme Calixte. Cette scène rend bien le côté clinquant, racoleur de "société du spectacle" poussée à un niveau hallucinant par l'exhibitionnisme impérial de Commode. Très "moderne" finalement, ce pouvoir qui en rajoute pour épater la galerie, allant jusqu'à renverser les "codes" puisque les gladiatrices n'existaient pas ! Panem et circenses plebs vult. J'ai exprès employé le mot "star". Ils auraient aimé se voir à la TV !
L'ouvrage aborde également le thème de la démence du pouvoir qui monte à la tête.

Notes add.: Il est question des Saturnalia, Saturnales, dans ce roman; les Saturnales, c'était le carnaval des Romains, ce jour festif, les esclaves commandaient aux maîtres, en hommage à l'âge d'or du temps où Saturne cohabitait avec les humains et où tous vivaient heureux en harmonie. Idoine donc pour libér. en février (thème de février). Diverses fêtes émaillent ce roman, en outre. L'empereur se déguise en gladiateur (mirmillon p.ex.)

Rue de Sous-Terre, relie le pont du même nom au quartier de Saint-Jean, Genève. Livre libéré à l'arrêt de bus "Seujet" dir. montante, banc abribus.
Dans ce long roman, le combat de Calixte contre son statut d'esclave ne ressemble pas à celui mené par Nelson Mandela; Calixte vit aux 2e et 3e siècles ap. J.-C., ce n'est pas la couleur qui compte alors, mais le statut: citoyen, homme libre étranger, affranchi, esclave. Et puis, contrairement à Nelson Mandela, Calixte ne mène pas à un changement de régime; le système impérial romain survivra à Calixte !
"Nelson Mandela", mots des JE en folie, 02/2014.
Défi "alphabet en liberté", S comme Sinoué, rue de Sous-Terre (s).
Thème des libérations de février: fêtes, carnaval... Libérations, février 2014. Cela correspond: dans ce roman on fête les Saturnales, sorte de carnaval (fête d'inversion des codes) des Romains païens, l'empereur se déguise en gladiateur, etc.
Le christianisme occupant une place importante dans ce roman, petit lien thématique puisque les ruines du prieuré St-Jean se situent face à l'arrêt de bus "Seujet" côté montant.
Défi/Challenge Keep Them Moving (KTM), libérer des livres enregistrés par d'autres bookcrossers que soi-même; ce livre remplit les critères.






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